Ce graphique a beaucoup fait réagir les 600 congressistes de l’Association générale des producteurs de blé (AGPB), réunis à Dijon les 31 janvier et 1er février. Il met en évidence la diminution progressive des aides moyennes, premier et deuxième piliers de la Pac, versées par hectare de SAU aux céréaliers français. Elles sont passées de 380 €/ha à 220 €/ha en l’espace de quinze ans.
« Les choix successifs de la France de redistribution des aides, toujours au détriment des céréaliers, aboutissent aujourd’hui à des différences de compétitivité inacceptables. C’est le cas aujourd’hui avec nos amis allemands, dont l’avantage peut aller jusqu’à plus de 100 euros par hectare ! » a déclaré Philippe Pinta, président de l’AGPB. Cela représente une différence de 12 €/t à 15 €/t : « L’aide à la tonne l’une des plus faibles d’Europe », a-t-on pu entendre lors des tables-rondes.
« Il faut définir un objectif d’aide plancher par hectare fixé au niveau de la moyenne européenne des aides des céréaliers, actuellement à 250 € », a déclaré Philippe Pinta. Il souhaite également revenir sur le montant de la prime redistributive et le ramener, dès la notification française le 1er août 2018, à 5 %. Des propositions vivement saluées par les congressistes.
L’absence ministérielle vécue comme un désintérêt
« À quoi bon être ministre quand on ne vient pas à la rencontre des agriculteurs et qu’on ne les soutient pas ? » Encouragé par des sifflements dans l’assemblée, Philippe Pinta a exprimé sa déception face à l’absence du ministre de l’Agriculture. Attendu pour clôturer le congrès, Stéphane Travert a finalement annulé son déplacement « au motif qu’il serait retenu par une réunion, soi-disant importante, avec le Premier ministre », a déclaré le président de l’AGPB.
Pour les céréaliers, cette absence, qui s’ajoute à celles remarquées aux congrès ou assemblées générales de l’AGPM (1), de la Fop (2) et de la CGB (3), est le signe d’un désintéressement du ministre pour les filières françaises des grandes cultures. « Le ministre a-t-il conscience que le secteur céréalier est une richesse pour notre économie ? Avec 9 milliards d’euros d’excédent annuel en moyenne, nous sommes le quatrième poste de la balance commerciale », n’a pas manqué de préciser Philippe Pinta.
(1) Association générale des producteurs de maïs.
(2) Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux.
(3) Confédération générale des planteurs de betteraves.