L’ordre a été perturbé, atteint même, par les mouvements sociaux récents et les casses qui leur sont associées. Les répressions policières sont également dénoncées. Comment départager ceux qui pensent que la violence est un passage obligé et survient quand il n’y a plus d’autre issue et ceux qui pensent que la violence est inutile et doit être combattue ? La violence est une composante universelle de l’homme et des sociétés. Une société sans violence supposerait un endoctrinement total, la suppression de toute liberté. La violence des masses (on met de côté la violence individuelle) est dans l’histoire du monde. L’ordre politique dans ce pays est né d’une révolution ! La violence a même été théorisée pour justifier l’accession au pouvoir. Globalement, la société est beaucoup moins violente que dans le passé. La violence est toujours en cohérence avec les mœurs de son temps. Il y eut les guerres de religion. Lors des courses de chars, les spectateurs se divisaient en factions équivalentes aux clubs de supporters des équipes de football, qui se battaient à mort dans les gradins et à la sortie ! Rien de nouveau. Ou presque. Qu’est-ce qui a changé ? La première chose est l’information, le retentissement de l’image, à la fois fascinante pour le spectateur et narcissique pour le héros filmé. Le niveau de développement de nos sociétés « policées » (!) change également la perception de la violence, car l’objectif de chacun est la prospérité. Enfin, la violence d’aujourd’hui porte moins sur des semblables que sur des symboles et est supposée donner accès aux biens de consommation iconiques. « Venez, il y a des Rolex », pour donner suite à la fameuse réplique de Jacques Séguéla, « Quand on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie ». Il ne sert à rien de bannir la violence, mais il faut chercher à la civiliser. Casser pour des Rolex ? Casser pour un Solex aurait plus de sens et de panache. C’est toute la différence entre les émeutes urbaines et les émeutes rurales.