Sortira, sortira pas ? Le Brexit est un serpent de lac, il remonte à la surface, fait son tour avant de replonger. Car la sortie prévue pour le 29 mars a été reportée à fin septembre. L’accord conclu à l’issue de deux ans de négociations entre Theresa May et Michel Barnier a été repoussé par le camp conservateur britannique. L’hypothèse désormais envisagée est donc celle d’un Brexit dur, sans accord. Une hypothèse envisagée mais peu crédible, tant les deux parties auraient à perdre.
Sur le seul plan budgétaire, une sortie sans accord serait une catastrophe pour l’Union européenne (UE) (lire page 26). Car l’accord négocié contient une méthode de calcul qui ne lui est pas défavorable. Le Royaume-Uni s’engage à payer sa contribution jusqu’en 2020, soit environ 13,5 milliards par an, ainsi qu’à régler les engagements contractés quand il était membre (les dépenses régionales, la recherche…), soit autour de 45 milliards. S’il se retire en disant juste bye bye, certes, il y aura des recours devant la Cour de justice mais, en attendant, les 27 se retrouveront avec de l’argent en moins. Le Royaume-Uni cesserait même de régler ses trois derniers mois de 2019, créant de sérieuses difficultés pour l’UE. Le coup serait dur et le coût élevé.
Toutefois, il prendrait un risque encore plus important. Non seulement à cause des formalités administratives et douanières rétablies pour chaque exportation britannique vers le continent, mais aussi parce que le pays serait considéré comme un mauvais payeur, non fiable. Godness, comment prétendre rester une place financière internationale dans ces conditions ? Pire, il perdrait sa note encore convenable par les agences de notation (AA, comme la France), ce qui provoquerait une chute de la livre et un ralentissement de la croissance. Chaque camp montre ses muscles mais c’est un peu du chiqué. Comme les discours sur le budget de la Pac. Chaque partie tient le sien mais tout le monde sait comment ça finira. Mais ça, je ne vous le dirai pas.