La confiture est une passion française. Célébrée chaque année lors des confituriades de Beaupuy, dans le Lot-et-Garonne. La confiture, c’est un mariage réussi entre des fruits et du sucre. Mais c’est aussi bien autre chose.

Avant tout, il y a du cœur et du temps dans un pot. Pas de pot sans préparation délicate. Trier les fruits, ôter les pédoncules ou les noyaux, peser, ajouter le sucre, laisser reposer, mettre en cuisson, écumer, attendre le moment où la goutte s’accroche à la cuiller en bois. Tout un art.

La confiture est un mets identitaire. C’est une tradition familiale avec ses secrets. La feuille de verveine par exemple, doit-elle être cuite avec le fruit ou glissée dans le pot ? Le jus, après macération, doit-il être précuit ? Sans parler du dosage du citron.

La confiture, c’est un parfum d’enfance. Nous avons tous une mémoire de tartine. La confiture, ça coule sur les mains comme chantaient les frères Jacques, mais ça roucoule aussi sur les genoux d’une grand-mère. Un pot, c’est une offrande que l’on offre à ses hôtes.

La confiture est un produit tendance au cœur de l’engouement pour le « fait maison ». Les fruits un peu vilains, très mûrs, invendables servent aussi bien que les autres. C’est une économie de fond du jardin et de récupération.

La confiture c’est aussi un petit pécule pour les retraités. C’est un détour obligé dans les campagnes. Pas une brocante, un vide grenier, sans un vendeur de pots. La confiture « maison », c’est un pied de nez aux règles européennes. Car il va de soi que la teneur en sucre ou les calories ne figurent jamais sur les étiquettes. Mais on y trouve tout autre chose. Je me souviens d’une marchande, dans la Manche, qui vendait ses pots au cul de sa 4 L : à la rhubarbe et aux « habricots ». Je la vois, touillant en marmonnant : « Il y a bien un “h” quelque part mais sapristi, où c’est qu’il est ? » La confiture, c’est aussi de la poésie.