« À l’échelle de la planète, notre modèle de production est loin d’être déconnant, lance Bruno Dufayet, président de la FNB, à l’occasion d’un débat organisé à l’Académie d’agriculture de France le 13 février 2019. Mais sur les questions d’environnement, de climat et de bien-être animal, la filière bovine a longtemps fait la politique de l’autruche. »
Seule solution pour sortir de cette impasse selon lui : des actes collectifs. « On nous répète qu’il faut manger moins de viande, mais mieux. Le véritable enjeu, c’est de définir ce mieux ensemble. » Une démarche que la FNB pratique depuis plusieurs années, au travers de concertations avec des associations.
Devancer les critiques
« En 2015, nous avons démarré un travail avec plusieurs associations, le WWF, la FNH, mais aussi France Nature Environnement et GreenCross. Et nous avons maintenant des actions concrètes pour combler le fossé qui nous sépare des consommateurs. » Le Life Beef Carbon, un projet de la filière pour mesurer et diminuer l’impact de l’élevage sur le climat, a été l’un des résultats de ces discussions.
Pour Bruno Dufayet, devancer les critiques est essentiel. « Il vaut mieux créer ensemble les critères d’évaluation, avant de se faire taper sur les doigts. » Un constat que partage Yves de la Fouchardière, le directeur de la coopérative des Fermiers de Loué. « On subit les dossiers parce qu’on ne les prend pas à bras-le-corps », déplore-t-il.
Anticiper ne semble pas si complexe, à écouter Bruno Dufayet. « On réunit autour de la table des associations et des chercheurs, avec des sujets et des périmètres précis. » La FNB se réserve par ailleurs le droit de faire son tri parmi les structures sollicitées. « Il y a des attentes qui sont constructives, et celles-là nous intéressent. Mais nous n’avons par contre aucun intérêt à aller discuter avec des gens qui veulent nous voir disparaître. »
L’ère de la transparence ?
Pour Yves de la Fouchardière, outre les nécessaires évolutions de pratiques, il est l’heure de montrer l’arrière-cuisine. « Il n’y a pas à chicaner, il faut mettre des caméras dans les abattoirs. Et Carrefour, a été la première enseigne à bouger sur le sujet. » Le groupe Casino s’est également engagé dans cette voie en développant, avec l’aide d’associations, un standard de bien-être pour les volailles basé sur 230 critères.
« Ça a pris deux ans. Pourtant, être un distributeur simplifie la chose », confirme Claude Risac, directeur de la communication chez Casino. La FNB a également rencontré les associations welfaristes, l’OABA, le CIWF, ou Welfarm. « Nous travaillons sur un nouveau diagnostic, Boviwell, que nous allons intégrer dans la charte des bonnes pratiques d’élevage », confie Bruno Dufayet. Un dispositif qui devrait être opérationnel au deuxième semestre de 2019.
« Là, on travaille par exemple sur l’engraissement des jeunes bovins, pour imaginer les possibilités de sortie les animaux », décrit-il. Le diagnostic serait mis à jour régulièrement, afin de prendre en compte les avancées techniques sur ce sujet complexe. « Avec Boviwell, nous pourrons mieux accompagner les éleveurs. Des diagnostics qui permettront de reconnaître l’existant. »