Les prix des céréales poursuivent encore leur retrait cette semaine, poussés par la chute des prix du blé russe, les pluies sur les plaines du Sud aux États-Unis et les pluies en Argentine. La hausse du dollar et la chute du pétrole accompagnent le mouvement et poussent aussi le colza et le soja vers le bas.

La bulle russe se dégonfle partiellement

Les blés russes avaient maintenu leur prix à un niveau stable ces dernières semaines, proches de 287 $/t Fob Novorossiysk pour les blés à 12,5 % de protéine, sans suivre la forte correction baissière amorcée par les blés européens. Les blés US n’avaient abandonné, eux, que 2 $/t la semaine dernière contre une chute de 7 $/t pour les blés français.

 

–12 $/t

Les prix du blé russe commencent à décrocher

Changement de décor cette semaine : les blés US s’affaissent de 10 $/t et les blés russes lâchent 12 $/t à 275 $/t Fob. Les pluies du week-end dernier sur les plaines de blés d’hiver aux USA ont rassuré les producteurs américains d’une part ; le dollar et sa remontée avec les perspectives de reprise économique aux USA a aussi poussé les prix US vers le bas d’autre part.

 

En Russie, les dégâts d’hiver sont élevés mais moins que certaines sources ne l’avaient estimé auparavant (le taux d’abandon de surface sur les blés d’hiver dans ce pays restera inférieur à 10 % probablement). Par ailleurs, dans ce pays, les exportateurs ont sprinté en février pour exporter le maximum avant l’augmentation de la taxe à l’export (qui atteint maintenant 50 €/t). Depuis, les chargements ont ralenti. L’ensemble de ces facteurs pèsent sur les prix russes et l’éviction des blés russes de l’appel d’offres égyptien la semaine dernière a accru le mouvement de repli.

Nouvelle pression baissière en blé

Conséquence : la pression russe et américaine comprime à son tour les prix européens et français, ces derniers perdant 5 $/t Fob Rouen (à 274 $/t) soit 4 €/t à 218,25 €/t rendu Rouen en base juillet ; l’échéance mai du Matif perd 4 €/t aussi à 218,75 €/t en milieu d’après-midi ce vendredi. La chute française touche encore plus fortement les prix de la façade atlantique (-9 €/t à la Pallice, à 217,25 €/t base juillet), le ralentissement des chargements vers l’Algérie y étant sans doute pour quelque chose. Alors qu’ils étaient restés assez stables la semaine dernière, les prix des blés de la nouvelle récolte s’affaissent aussi de 3 €/t à la suite des bonnes conditions des cultures. La situation des blés d’hiver en France s’est un peu dégradée par rapport à la semaine dernière avec 87 % dans un état bon ou excellent (88 %) mais elle demeure toujours bien meilleure que celle de l’an dernier à la même date (63 %).

 

Sur la scène internationale, la Tunisie a acheté 117 000 tonnes de blé tendre et 42 000 tonnes de blé dur pour chargement en avril-mai. Le Japon et la Corée ont aussi animé le marché mondial mais pas d’appels d’offres des acheteurs plus proches de l’UE, comme l’Algérie ou l’Arabie par exemple.

Les orges perdent encore un peu de terrain

L’orge fourragère poursuit sa baisse aussi, perdant 4 €/t aussi bien en ancienne qu’en nouvelle campagne à 201,25 €/t base juillet pour la récolte 2020 et 198,5 €/t pour la récolte 2021. Les chargements vers la Chine continuent (100 000 tonnes environ actuellement) et la Tunisie vient d’acheter 75 000 tonnes. L’Algérie, elle, est de nouveau sur le marché pour un appel d’offres de 40 000 tonnes après son précédent appel du 10 mars 2021 pour lequel elle n’avait pas conclu d’achat. Malgré cette activité, l’orge est donc poussée vers le bas par le blé et les bonnes conditions des cultures (85 % des orges d’hiver en conditions bonnes et excellentes selon FranceAgriMer cette semaine, sans changement depuis la semaine dernière et en hausse de 23 points par rapport à l’an dernier). Les prix brassicoles sont restés inchangés en ancienne campagne mais ceux de la nouvelle campagne ont lâché un peu de lest (-5 €/t à 212 €/t pour les orges de printemps Fob Creil), maintenant que les semis de printemps sont quasiment terminés.

Le maïs suit la baisse des céréales à paille

Le maïs français s’affaisse aussi, abandonnant 1 €/t Fob Rhin, à 226 €/t, et 2 €/t Fob Bordeaux, à 220,25 €/t, en base juillet. Comme l’orge, le maïs suit le blé sur le marché hexagonal, alors que la scène mondiale est de nouveau animée par la Chine. Des achats importants de maïs US par la Chine ont été rapportés cette semaine. Après une pause de plusieurs semaines, la Chine vient de nouveau de contracter plus de 3 millions de tonnes de maïs US, ce qui conduit les ventes de maïs américains à la Chine à 22 millions de tonnes pour la campagne. C’est beaucoup mais ce n’est pas une surprise si bien que cette nouvelle n’a pas exercé un effet aussi haussier que ne l’avait fait la vague d’achat de janvier. Les prix du maïs US ont gagné 5 $/t cette semaine et les prix ukrainiens sont restés stables. Avec la hausse du dollar et la baisse du pétrole, le maïs se stabilise ainsi sur le marché mondial sans parvenir à regrimper fortement. L’arrivée des pluies bénéfiques en Argentine a joué un rôle apaisant cette semaine gommant aussi l’effet des achats chinois. En toile de fond, il convient de ne pas oublier la nouvelle progression de la peste porcine en Chine qui inquiète les opérateurs.

Net recul des cours du colza

Pénalisés par la baisse de l’huile de palme et du pétrole, les cours du colza terminent la semaine dans le rouge. Sur le marché Euronext, le colza a chuté de 14 €/t, à 505 €/t. Le marché physique a poursuivi le même mouvement, en cédant 15 €/t en Fob Moselle (à 512 €/t) et 13 €/t à Rouen (à 502 €/t). L’association des coopératives allemandes prévoit une baisse de 0,7 %, à 3,48 Mt de la production de colza en Allemagne pour la campagne de 2021-2022, mais cela n’a pas réussi à limiter le mouvement de baisse des cours du colza.

 

Les cours de l’or noir se sont nettement repliés sur la semaine, perdant près de 9 % pour s’approcher de 60 $ par baril à New York. La baisse des cours du baril a été alimentée par la publication des stocks US de pétrole brut qui sont ressortis en hausse pour la quatrième semaine consécutive.

 

Outre-Atlantique, la semaine a été également marquée par le fort repli du canola canadien. Les cours du canola à Winnipeg ont cédé 33 $/t, à 604 $/t. Le canola est resté sous pression dans le sillage du pétrole et le retour des précipitations sur la zone de production de soja en Argentine.

Le tournesol suit le colza en France

Les cours du tournesol français ont suivi le mouvement du colza, mais de façon plus limitée. Depuis la semaine dernière, ils reculent de 5 €/t, à 560 €/t, à Saint-Nazaire pour les qualités standard et oléique. Tirés par la baisse de l’offre, les prix du tournesol dans la zone de la mer Noire continuent quand même de grimper. Sur la semaine, ils ont progressé de 20 $/t, à 745 $/t (Fob).

Repli du soja avec le retour des pluies en Argentine

Les cours de la fève de soja ont évolué en baisse cette semaine à la suite de l’amélioration des conditions climatiques en Argentine. À Chicago, ils ont reculé de 4,5 $/t, à 516 $/t. Des pluies significatives ces derniers jours en Argentine ont arrosé les principales zones de production de soja, réduisant un peu le déficit hydrique. D’autres précipitations sont attendues dans les deux prochaines semaines, ce qui rassure d’autant plus les opérateurs. Toutefois, malgré ces pluies bénéfiques, la Bourse de Rosario a revu ses prévisions de production argentine de soja de 2020-2021 à la baisse de 4 millions de tonnes, à 45 millions de tonnes, en raison des conditions sèches ayant affecté le développement des cultures auparavant. Du côté du voisin brésilien, les récoltes de soja sont pratiquement achevées. La production brésilienne de fève de soja pourrait atteindre un record, à 134,8 millions de tonnes, selon l’Association brésilienne des industries d’huiles végétales. L’effet combiné d’une bonne récolte attendue en Amérique du Sud malgré les pertes dues à la sécheresse et Argentine, a apporté de la pression sur les cours américains de soja.

Stabilité des prix du tourteau de soja en France, recul à Chicago

Les tourteaux de soja sur le marché de Chicago ont suivi les mouvements du prix de la graine au cours de la semaine. Ils reculent de 4 $/t par rapport à la semaine dernière, à 439 $/t.

La baisse des prix des tourteaux du soja US ne s’est pas répercutée sur les cotations du tourteau à Montoir. Ce dernier est resté stable sur la semaine, à 424 €/t.

 

En pois, la cotation départ Marne recul légèrement de 1 €/t, à 274 €/t, sur la semaine, sous l’effet baissier du complexe du soja.

À suivre : évolution des prix des blés russes, conditions climatiques sur les cultures d’hiver et les semis de printemps dans l’hémisphère Nord, recrudescence de la peste porcine africaine en Chine, avancée des récoltes au Brésil et climat en Argentine (soja et maïs), prix du pétrole.