L’adaptation de son système au changement climatique était le thème du salon MécaÉlevage, qui s’est déroulé le 28 avril 2022 à Saint-Mexant en Corrèze. Dès l’entrée, la vitrine des fourragères (mise en place à l’automne 2021) abordait quelques pistes « d’acclimatation ». Les placettes implantées par les chambres d’agriculture montraient l’intérêt des méteils semés à l’automne pour réaliser un maximum de stock au printemps. En situation favorable, un semis précoce du méteil à l’automne (septembre), permet même de diviser par deux la dose de semis pour une récolte équivalente.

 

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Un mélange de trois trèfles annuels non gélifs

Agricentre Dumas, une société de négoce qui travaille dans le Limousin, exposait aussi un mélange de trois trèfles annuels non gélifs (1). Semé à l’automne dernier, le couvert était prêt à être ensilé. « En situation favorable, le mélange dispose d’un potentiel de rendement de l’ordre de 6 à 8 tonnes de matière sèche par hectare avec une teneur en matière azotée totale (MAT) entre 18 et 20 % », expliquait Olivier Delsuc, d’Agricentre Dumas.

 

L’avantage, c’est que les légumineuses peuvent recharger le sol en azote pendant l’hiver et cela permet de réduire la fertilisation pour la culture qui suit, comme le maïs par exemple. La dose de semis préconisée est de 25 kg/ha et le coût est d’environ 100 €/ha.

 

Les démonstrations de matériel de semis direct en particulier ont également attiré l’attention de nombreux visiteurs dans la matinée.

La répartition de la pluviométrie va être modifiée

« Nous allons avoir un maintien du cumul des précipitations, mais la répartition sera plus aléatoire », a décrit aussi Stéphane Martignac, de la chambre d’agriculture de la Corrèze, lors du Forum. Ce sont des tendances mises en avant par l’étude AP3C qui regroupe 11 chambres d’agriculture du massif central. (2)

 

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« Le cumul annuel de l’évapotranspiration est aussi prévu à la hausse. Les jours où les fortes chaleurs seront très marquées, seront eux aussi de plus en plus nombreux à l’horizon de 2050. Mais les risques de gel seront toujours bien présents. Les coups de froid alors que les végétaux seront avancés en stade, comme en 2022, seront constatés », déclare Stéphane Martignac.

Combiner les leviers d’adaptation

Les éleveurs vont devoir être prêts pour avancer leurs travaux. Lâcher les animaux et organiser des récoltes plus précoces… « Nous avons déjà constaté une « précocisation » de la mise à l’herbe entre 1980 à 2015, d’une semaine en moyenne sur le secteur de Brive-la-Gaillarde. D’ici à 2050, une semaine supplémentaire de précocité devrait encore être gagnée. » À noter aussi, en altitude, au-dessus de 500 à 600 mètres, la précocité sera davantage accentuée. Les dates de mise à l’herbe pourraient être avancées de quinze jours.

 

Sans adaptation, la production de fourrages sera très réduite. Pour être efficaces et préserver leur autonomie, les exploitants devront combiner les leviers, comme la mise en place de prairies sous couvert de méteil, la mise à l’herbe plus précoce, la fertilisation, l’implantation de luzerne… Un levier seul, ne sera pas suffisant.

(1) 30 % de trèfle micheli, 30 % de trèfle de perse et 40 % de trèfle squarrosum.

(2) Le projet AP3C est animé par le SIDAM avec les compétences des ingénieurs de 11 chambres d’agriculture (Allier, Aveyron, Cantal, Corrèze, Creuse, Haute-Loire, Haute-Vienne, Loire, Lot, Lozère et Puy-de-Dôme) et de l’Institut de l’élevage.