C’est fait. La France a un nouveau président pour les cinq prochaines années. Les sondages laissaient deviner le résultat mais il pouvait y avoir une surprise. La campagne électorale avait été si étrange jusque-là ! La droite débordée par la droite. La gauche, autrefois plurielle, concentrée sur sa gauche. Les partis de gouvernement balayés en tombant à eux deux à moins de 7 % des suffrages ! Les verts qui semblaient avoir un boulevard devant eux, bloqués sur un chemin pavé de chausse-trappes. Plusieurs candidats font la manche pour rembourser leurs frais de campagne et leurs emprunts.

Et, surtout, avez-vous remarqué, pas ou peu de distribution de tracts sur les marchés. Le tractage est tout de même un rituel de campagne électorale. Et bien, cette fois, rien ou presque rien. Car pour être honnête, un dimanche de marché dans le Calvados, j’ai tout de même eu un tract de Madame Christiane Taubira… Cela ne lui a pas porté chance.

La faute à qui ? La faute à Poutine ? La faute aux sondages et aux chaînes d’information en continu qui donnent un coup de vieux aux rituels démocratiques ? La faute aux fins de mois difficiles qui absorbent l’énergie des gens ? La faute aux non-électeurs qui se fichent des résultats des urnes et ne pensent qu’au troisième tour social ? La faute aux fissures sociétales qui ne guérissent pas et aux autres qui s’annoncent. La France rurale des bourgs face à la France des banlieues par exemple. La faute aux peurs du lendemain ? Car la France avait le choix entre les Français dans la rue dans la semaine ou dans les ronds-points dans un an. La faute aux propositions qui peinent à convaincre ? La faute aux autres évidemment. C’est-à-dire à nous tous en particulier.

Une drôle de campagne comme il y eut jadis la « drôle de guerre ». En 1940, l’armée de la République attendait, jumelles à la main et l’arme aux pieds. Cette fois, Marianne s’est rendue aux urnes, bulletin à la main et larmes aux yeux. Allons enfants… Aux armes citoyens, marchons encore un peu.