Argentat, 9 heures du matin. Sept estivants venus du village de vacances et des campings alentour embarquent pour une « Agri Rando » à bord du 4x4 de Gilles Dupuy. L’homme, à l’accent chantant et à l’humour contagieux, va les guider jusqu’en soirée sur les routes sinueuses et vallonnées de Xaintrie. « Le fait que les médias n’évoquent l’agriculture qu’à travers les scandales ou les suicides m’agace, explique cet éleveur de broutards, maire de La Chapelle-Saint-Géraud. Je veux faire découvrir aux gens ce que signifie un bon produit en termes d’élevage, d’alimentation et de transformation d’une bête. »

S’adonnant à leurs occupations, les exploitants laissent Gilles évoluer chez eux, en toute confiance. Le guide présente aux visiteurs la production de porcs en plein air, de canards… Sous forme de jeux, il distille des informations sur les races d’animaux, la fonction des outils ou les différences entre agricultures intensive, raisonnée, biologique et biodynamique. « Je leur parle aussi des nouvelles législations, sans pour autant transmettre un message politique. »

Un véritable échange

Pour le déjeuner, un restaurateur d’Argentat concocte un menu du terroir : charcuteries, canard gras, bœuf, fromages, vin de Glanes. L’après-midi, le groupe visite une ferme biologique avec maraîchage, veaux de lait sous la mère et chèvres. Gilles dévoile aussi à ses hôtes le riche patrimoine historique et naturel de la vallée de la Dordogne corrézienne, entre vestiges médiévaux, cascades et point de vue panoramique, où il organise, à 16 h 30, un pique-nique à base de produits locaux. Il agrémente cette halte d’énigmes. À la dernière étape, son équipée assiste à la traite des simmentals. L’éleveur est toujours prêt à discuter des grands enjeux de l’agriculture et à faire goûter ses yaourts.

« Le temps de cette longue journée, j’ai le sentiment de pouvoir vraiment échanger avec des personnes issues de milieux variés et à l’esprit ouvert », se réjouit Gilles. Ses clients sont souvent des couples qui veulent faire connaître le monde agricole à leurs enfants. « Les jeunes sont totalement décalés, poursuit-il. Autrefois, dans chaque famille, il y avait un oncle ou une tante à la ferme… » Mais, parmi les visiteurs, on trouve parfois des agriculteurs normands ou bretons curieux de voir comment ça se passe en Corrèze !