«Tu vas passer l’hiver avec la seringue à la main, m’avait prédit mon voisin, lorsque nous avons rentré nos charolaises pour la première fois dans la stabulation neuve », se souvient Baptiste Dubrion. À la tête de 100 charolaises à Ciry-le-Noble, en Saône-et-Loire, avec Isabelle, son épouse, et Jean-Luc, son père, il n’a été rassuré qu’à la fin de l’hiver. Les pertes en veaux qui naissent à partir du mois de janvier sont restées rares et conformes à celles des années passées. Seul problème constaté : « Dès que l’on déplaçait les lots de vaches dans les cases situées contre le long pan du bâtiment, les veaux tombaient malades, relate Baptiste. Il fallait les soigner sur le long terme, ce qui engendrait des frais et une perte de temps. »

Diriger l’air

Pour Bruno Gérard, le vétérinaire de l’exploitation, les causes de pathologies sont multifactorielles, mais le bâtiment joue un rôle important. Sur ses conseils, les associés se lancent sur cette piste en faisant appel au GDS du département pour réaliser un diagnostic d’ambiance. « Nous calculons différents paramètres (densité, surfaces d’entrées/sorties d’air disponibles…) que nous comparons aux modèles théoriques. Un test fumigène nous permet d’apprécier la ventilation du bâtiment en termes de renouvellement d’air et de potentiels de courants d’air », explique Cécile Chuzeville, du GDS. Il se pratique obligatoirement l’hiver, dans les conditions réelles de fonctionnement du bâtiment. « Nous nous sommes aperçus que l’air qui rentrait par le long pan bordant l’aire paillée où les animaux étaient malades “tapait” sur les premières pannes du toit et retombait en partie sur le dos des animaux. »

Si les bovins adultes sont parés pour faire face à ces coups de froid, les jeunes veaux, dont le système pulmonaire est naturellement « déficient », sont plus incommodés. L’évacuation de l’air au faîtage en toiture décalée n’était pas franche et concourait à un manque de renouvellement d’air.

Ce constat n’est pas une surprise pour les experts, car la configuration du bâtiment, avec plus de 30 mètres de large, n’est pas très favorable à la ventilation, même si le décalage entre les tôles devait faciliter le flux. « Pour mieux diriger l’air entrant, nous avons installé une toile géotextile sous la toiture, précise Baptiste. Sur le pignon sud, j’ai aussi créé des ouvertures dans les translucides avec la meuleuse. »

Compromis

Un troisième aménagement au niveau de la faîtière facilite l’évacuation de l’air. Baptiste a installé une plaque métallique perpendiculaire et décalée d’une dizaine de centimètres par rapport à l’ouverture (photo 1) pour que l’appel d’air soit opérationnel. Certains charpentiers choisissent de monter une faîtière décalée par souci de simplicité, mais elle constitue un frein à l’évacuation de l’air. Une faîtière ouverte avec des pare-vent est plus efficace.

« Il n’existe pas de bâtiment idéal, souligne Cécile Chuzeville. Le bâtiment d’élevage est un compromis entre organisation du travail, ventilation, espace disponible, coût… » En 2008, la famille Dubrion avait déjà fait des choix pertinents. Même si la largeur restait importante, le volume d’air de la construction était déjà limité, avec une hauteur de 3,5 m au niveau des aires paillées.