Marc Benoît enfile aussi vite son bleu de travail que sa combinaison de ski de fond. Dès que l’hiver approche, ces deux tenues sont systématiquement rangées dans son coffre de voiture. « Je peux passer de l’une à l’autre plusieurs fois dans la journée », s’amuse-t-il à dire.

À tout juste 24 ans, Marc affiche le sourire d’un homme comblé. Papa d’un petit Jules de 3 ans, il exerce à Saint-Étienne-de-Lugdarès (Ardèche) le métier qu’il a toujours voulu faire, tout en continuant à s’adonner au ski de fond, discipline qu’il a pratiquée à haut niveau pendant plus de huit ans. « Mes parents m’ont mis sur des spatules dès l’âge de 3 ans et, à 6 ans, je remportais ma première compétition de ski de fond », explique-t-il en regardant les nombreux trophées exposés sur le rebord de sa cheminée. À 14 ans, il est repéré par un entraîneur qui l’incite à intégrer un parcours sport-études. Il choisit le lycée de Villard-de-Lans, dans le Vercors drômois, pourtant à 200 kilomètres de chez lui.

Toujours à fond

Son bac S en poche, Marc ne se résout ni à abandonner le ski ni à son envie de s’installer en Gaec avec son père et son frère. Il se lance dans un BTS production animale par correspondance sur trois ans, tout en restant sur le secteur de Villard-de-Lans où il enchaîne les compétitions et les podiums.

Entre 2009 et 2017, son palmarès ne cesse de s’étoffer : une dizaine de podiums en Coupe de France, dont deux victoires, une 10e et une 12e place en Coupe d’Europe, une 2e place sur le marathon de Bellecombe (Jura), vainqueur du classement général régional pendant trois ans… Il intègre même le prestigieux Team Grenoble Isère Nordique aux côtés d’Anaïs Chevalier, Robin Duvillard, Simon Fourcade, Jules Lapierre, Marie Dorin-Habert… Tous le surnomment « L’Ardéchois ». « Beaucoup étaient étonnés qu’en Ardèche, il y ait des massifs où l’on puisse skier », raconte-t-il en riant, et en rappelant que sa petite commune se situe à 1 000 mètres d’altitude.

En juin 2016, il obtient son diplôme et se décide à rejoindre l’élevage familial. « Ça a toujours été mon rêve, et je savais que je ne poursuivrai éternellement pas la compétition de haut niveau. »

Marc n’abandonne pas pour autant sa passion. Il prépare son diplôme d’État de moniteur de ski et enseigne sur le domaine de la Chavade. « Je participe encore à quelques courses avec le soutien de mes sponsors (Groupama, département de l’Ardèche…) », avoue-t-il. Et quand ce n’est pas son dossard de ski qu’il endosse, c’est celui de course à pied qu’il revêt. En effet, le jeune éleveur ne s’arrête jamais et se donne toujours à fond pour atteindre les plus hautes marches des podiums. « J’en ai besoin. Le sport de haut niveau m’a appris à me dépasser, à m’affirmer. C’est un équilibre pour moi. »

Camille Penet