Avec ses murs en briques et silex, La Ferme du château à Ambrumesnil (Seine-Maritime) constitue un bel écrin pour les étoffes en lin. Rien ne prédestinait Camille Ménager, fille de médecins, et son conjoint, Alexis, expert foncier, à se lancer dans la fabrication de linge de maison. Le couple a découvert le lin lavé lors d’un séjour en chambres d’hôtes. « Quel régal ! Au réveil, j’ai relevé la marque des draps pour m’en procurer. L’étiquette n’indiquait pas la provenance et cela nous a interpellés. La famille de mon mari produisant du lin depuis quatre générations, une idée a germé », raconte la jeune femme. Ingénieur en alimentation et santé, elle est, à l’époque, souvent en déplacement pour son travail et rêve de se mettre à son compte.

À la naissance de Faustine, en 2015, Camille franchit le pas, épaulée par son époux. Après une année à la recherche d’entreprises partenaires, la marque Embrin voit le jour. Proposer une gamme issue d’une production locale dans une filière certifiée et européenne n’est pas simple. La filasse provient de la coopérative Terre de lin, qui transforme le lin cultivé sur l’exploitation familiale. Et, à l’heure où 80 % de cette fibre est filée en Asie, les jeunes entrepreneurs ont trouvé une filature italienne. Ensuite, le tissage est réalisé soit en France, soit en Italie, et la confection dans le nord de l’Hexagone. À ceux qui déclarent que cette matière est difficile d’entretien, Camille rétorque : « Le lin lavé n’a rien à voir avec le textile brut. Il ne se repasse pas. »

Passage à la télé

Les Ménager ont le goût du beau. Leurs collections s’exposent dans le showroom aménagé dans une grange. Les parures de lit aux couleurs « tendance » s’invitent sur une échelle de meunier avec, en toile de fond, des cellules à grains. En juin 2018, le couple de trentenaires a reçu Stéphane Thebaut, animateur de l’émission « La maison France 5 ». Ce reportage télévisé leur a donné davantage de visibilité.

Embrin vend son linge partout dans le monde via internet, et par un circuit original, celui des chambres d’hôtes (lire l’encadré). « Faire l’expérience de dormir dans des draps en lin lavé permet de franchir le pas du prix », constate Alexis.

Tous deux fourmillent de projets comme la création d’une boutique dans un autre bâtiment de la ferme, et d’un musée du lin. « Nous souhaitons proposer une expérience tactile aux visiteurs », soulignent les fondateurs de cette société membre de l’association Entreprise et découverte.

Catherine Yverneau