L’insémination par l’éleveur est une pratique qui a toujours intéressé Bruno Sabot, associé du Gaec Corneloup-Sabot, à Chenay-le-Châtel. « Il y a une dizaine d’années, j’avais suivi une formation pour devenir éleveur inséminateur, mais je ne me suis pas senti suffisamment à l’aise pour aller au bout de la démarche », confie l’éleveur d’un troupeau de 280 charolaises. À l’automne 2019, il se forme de nouveau aux fondements de l’acte d’insémination artificielle (IA), avec un cabinet vétérinaire. Il décide alors de se renseigner sur les outils existants pour l’assister dans cette pratique.
« L’innovation Eye Breed m’a décidé à me lancer, indique l’exploitant. Je souhaitais être opérationnel dans la gestion de reproduction de mon cheptel dès décembre 2019. J’avais également pour objectif d’inséminer le même nombre de femelles qu’auparavant, soit 40 %. » Le troupeau étant conduit en vêlages très groupés (80 % des naissances entre octobre et novembre), l’agriculteur et son associé n’avaient pas le droit à l’erreur. La période de reproduction de ses charolaises à présent achevée, Bruno affirme avoir obtenu les mêmes résultats que l’an passé avec la Coopel (1). « Sur 30 génisses et 49 vaches échographiées, 60,2 % ont été diagnostiquées pleines en IA1, et 10,1 % en IA2 », expose-t-il. « Ce sont des résultats tout à fait corrects en charolais », complète Antoine Tisseur, référent à la Coopel.
Par rapport à la méthode conventionnelle, l’emploi de l’Eye Breed permet de s’affranchir de la palpation rectale pour inséminer. Le col utérin est immobilisé par aspiration. Cette technique assure un contact permanent avec l’Eye Breed au moment du dépôt de la semence.
Une caméra de contrôle
Le système est équipé, à son extrémité, d’une caméra reliée à un smartphone. L’utilisateur peut ainsi visualiser l’acte via son écran. « Une application smartphone connectée à l’outil donne la possibilité de recenser le numéro de la vache inséminée, la date et le taureau correspondant. Ces données répertoriées permettent de déclarer directement l’IA. Elles sont ensuite transférées automatiquement au logiciel de troupeau », décrit Clément Gouby, formateur chez AXCE (2).
Davantage de liberté
« Je ne cache pas que les débuts ont été difficiles. L’IPE requiert patience et détermination. Cependant, gérer l’ensemble de la reproduction de mes animaux m’apporte entière satisfaction. Je peux les suivre au plus près », note Bruno. Et ne dépendant plus de la venue de l’inséminateur, l’éleveur estime avoir davantage de liberté dans l’organisation de ses journées.
Bien que la raison économique ne soit pas le premier critère de choix, l’éleveur assure un certain gain. « Avec l’inséminateur, il fallait compter 2 800 à 3 000 € de mises en place par saison (incluant deux retours gratuits par vache). Avec l’Eye Breed, même si les investissements sont conséquents au départ, j’estime les frais totaux à 2 900 € sur deux ans, sans compter l’achat des consommables », calcule Bruno. Les frais comprennent une formation initiale, un service après-vente, le réapprovi-sionnement de la cuve en azote et l’accès, au moment du renouvellement du contrat, à une version évolutive de l’Eye Breed. « La Coopel, qui met à disposition l’outil sur le secteur, continue d’accompagner les éleveurs inséminateurs dans la gestion de la reproduction et du renouvellement de leur troupeau », décrit Antoine Tisseur.
Lucie Pouchard
(1) Coopérative d’élevage de la Loire. (2) Entreprise chargée de la commercialisation de l’Eye Breed.