Une vocation précoce ? « À mes sept ans, j’ai su que je voulais jouer du tambour ! » A huit ans, Nicolas prend sa première leçon de… batterie. « J’ai pratiqué six ans. Pour apprendre. Cela a été une bonne formation. Le solfège m’aide beaucoup à lire les partitions », explique le jeune agriculteur de vingt-cinq ans qui a repris il y a sept ans l’exploitation de trente vaches allaitantes de son grand-père. Ses journées d’éleveur sont bien pleines, surtout en été. Mais chaque mardi soir et presque chaque jeudi, le musicien prend le temps de répéter. « C’est une coupure, dit-il. Et ça m’évite de perdre en dextérité. J’ai horreur de ça. Il suffit de quinze jours sans manier les baguettes pour le ressentir. » Il lui arrive aussi de s’exercer entre midi et deux sur un pad (1).
Reconstitutions historiques
« Le tambour est un instrument plus technique qu’on ne croit, souligne Nicolas. Il m’a fallu un an pour acquérir la souplesse du poignet et la rapidité d’exécution indispensables pour maîtriserun bon roulement. Les combinaisons de coups sont complexes. »
Le jeune homme renforce ponctuellement l’Harmonie Fanfare Liberté 1924 de Bruebach, mais il est avant tout un fidèle de la fanfare de cavalerie des hussards d’Altkirch. Née sous l’impulsion de Thierry, son père, trompettiste, cette dernière a succédé en 2000 à la formation musicale du 8e régiment des hussards, dissoute en 1993. Nicolas est l’un des deux tambours. Il y encadre la percussion, comme la grosse caisse ou les cymbales. « Ces instruments sont souvent délaissés, donc mal appris », déplore-t-il.
Comme le pupitre de partitions n’est pas prévu pour le tambour, Nicolas apprend ses morceaux par cœur. Son répertoire comporte une cinquantaine de titres. « J’aime ce style musical, les mélodies, la structure des morceaux. C’est mon plaisir », confie-t-il.
La fanfare des hussards effectue une bonne vingtaine de sorties par an. En France, en Allemagne, en Italie… Elle participe à des anniversaires et des reconstitutions historiques de l’ère napoléonienne. Le costume de hussard de Nicolas est une réplique de la tenue des cavaliers de l’empereur en 1810. « Mais attention, prévient-il, ce n’est pas du carnaval ! »
Henri Roy
(1) Petit tambour monté sur un trépied.