«La priorité est de définir son projet : la production, la surface, la région, sans négliger le volume de travail, les capacités technique et financière. Il faut se poser la question suivante : quel projet de vie pour quel projet d’entreprise ? Sinon, le risque est grand de visiter de nombreux biens sans trouver chaussure à son pied.
Un moment pour souffler
Celui qui est “idyllique” n’existe pas. Avec l’usure, le danger est d’en acheter un ne correspondant pas à ses critères. Cela nécessite que les décideurs (notamment au sein du couple) convergent vers une idée commune. Il faut prendre le recul nécessaire pour bâtir son projet, hiérarchiser ses priorités : est-ce le lieu de production ou de vie ? Cherche-t-on l’isolement ou la proximité des services pour la famille ? Beaucoup savent ce qu’ils ne veulent plus mais n’ont pas réfléchi à ce qu’ils visent. C’est une phase indispensable, toutefois délicate car elle touche à l’humain et aux projections.
Ensuite, il faut accepter de dissocier la vente de l’achat. Certains souhaitent se réinstaller le lendemain pour transférer cheptel et matériel. La plupart n’envisagent pas de vendre tant qu’ils n’ont pas trouvé. Or, il est quasi-impossible de mener en parallèle les démarches d’une vente et d’un achat tout en gérant une exploitation. Il faut dépasser la peur du vide. Il existe des solutions pour désamorcer ces craintes : louer une maison, mettre le cheptel en pension, trouver temporairement un travail…
La priorité est de vendre. Cela permet d’être serein par rapport à la réinstallation et de ne pas se mettre la pression. L’objectif est de s’accorder un moment pour souffler, de se donner du temps pour réfléchir et avancer.
La détermination du prix de vente est une autre étape cruciale. Il ne faut pas le surévaluer. Si je veux 150 % du prix du marché je ne vendrai jamais. Il ne doit pas être fixé par rapport au budget de réinstallation. La vente permet, après remboursement des prêts et des dettes, de bénéficier d’un patrimoine financier disponible. Là encore, il est nécessaire de se poser les bonnes questions : quelle stratégie pour mon patrimoine, quels sont les besoins de ma famille (études, démarrage de la vie active…), combien réinvestir ? La vente donne de la visibilité vis-à-vis de la banque avant l’achat.
Le passage par ces étapes est indispensable. Le cheminement permet de faire le deuil de l’ancienne exploitation avant de passer à autre chose. »
Propos recueillis par Isabelle Lejas