Comme dans tout divorce, le Brexit n’y coupera pas : l’Union européenne et le Royaume-Uni devront sortir la calculatrice pour savoir comment partager la facture… Et, en particulier, celle associée au financement de la Pac.
pour plus de 10 % au budget total de l’Union européenne – soit environ 14 milliards d’euros par an, déduction faite du rabais britannique, concédé en 1984 après le fameux « I want my money back » de Margaret Thatcher.
ne permettra pas à Londres de dégager une « économie » de 14 milliards d’euros, malgré ce qui a pu être dit par les tenants du Brexit pendant la campagne. Cela dépendra largement des choix du futur gouvernement britannique, qui pourra réorienter, ou pas, les montants qui revenaient traditionnellement à Londres, au titre des différentes politiques de l’Union européenne. De facto, le volant financier du Royaume-Uni lié à un arrêt de sa contribution au budget européen sera, au mieux, de moitié. Car l’Union réinvestit outre-Manche, chaque année, un peu plus de 7 milliards d’euros. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne la Politique agricole commune.
la Pac est l’une des politiques les plus « rentables » pour le Royaume-Uni. C’est-à-dire celle où le « taux de retour » est l’un des meilleurs. Le « taux de retour » est le calcul réalisé par les ministres des Finances pour savoir s’ils ont intérêt, ou pas, à défendre telle ou telle politique, tel ou tel budget européen. La logique est la suivante : lorsque le Royaume-Uni contribue à hauteur de 1 euro au budget de la Pac, il reçoit près de 60 centimes à travers les paiements directs et les programmes de développement rural. Ce chiffre est très supérieur, par exemple, à la politique régionale pour laquelle Londres ne récupère que 39 centimes pour chaque euro apporté.
est plus importante pour la politique régionale que pour la Pac. Techniquement, l’équité voudrait que l’impact budgétaire du Brexit sur chaque politique européenne découle strictement de cette empreinte. Mais, politiquement, les dirigeants européens accepteront-ils de réduire davantage le budget alloué aux fonds régionaux, plutôt que celui des paiements directs, par exemple ?
que vont mener les chefs d’État et de gouvernement de l’UE dans les prochains mois. Pour ce qui est de la Pac, tenant compte des subtilités des arcanes budgétaires bruxelloises, le think tank du Parlement européen a évalué le manque à gagner objectif dans une fourchette allant de 1 à 3 milliards par an, soit entre 2 et 5 % du budget Pac. Quant au commissaire Hogan, il s’est montré à la fois déterminé à maintenir les paiements directs, mais aussi réaliste quant à la possibilité de compenser la perte de la contribution britannique.