On peut être un peu surpris quand on lit, dans le journal Sud-Ouest (1), le compte rendu de la rencontre de la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, avec les étudiants de Sciences Po.

On sait qu’elle n’a pas les petites exploitations agricoles, ni les petites entreprises artisanales ou commerciales dans le collimateur, mais tout de même ! Je cite le journal : « L’éleveuse de porcs regrette la caricature terrible selon laquelle tout ce qui est petit est mignon : le petit commerçant, le petit paysan, le petit artisan, etc. C’est caricatural. »

On ne voit pas très bien ce qu’il peut y avoir de caricatural dans nos entreprises parce qu’elles sont petites et… mignonnes. Les petites entreprises, qu’elles soient agricoles, artisanales ou commerciales, se sentent blessées par vos déclarations. Les consommateurs, eux, recherchent nos produits parce qu’ils sont meilleurs et plus sains que ceux issus des usines de l’agroalimentaire et eux ne nous caricaturent pas, bien au contraire.

Amis paysans, artisans, commerçants, soyons fiers de nos petites entreprises malgré la caricature dont nous sommes l’objet.

Mais, il y a beaucoup plus grave, aberrant même, au sujet du bien-être animal : là aussi je cite le journal : « Les normes de bien-être animal sont mieux appliquées dans les grandes exploitations que dans les petites qui n’ont pas la capacité de se moderniser. » Pour quelqu’un qui prétend défendre toute l’agriculture, grandes et petites exploitations, c’est un peu gros.

Certes, dans nos petites fermes, il n’y a pas de porcheries où l’on peut compter les porcs par milliers, où on doit leur couper la queue et les dents à la naissance pour qu’ils ne se mordent pas, où alimentation et surveillance sont automatisées. Il n’y a pas non plus d’immenses poulaillers où tout est robotisé, et abritant parfois plusieurs centaines de milliers de poules pondeuses, pas plus qu’il n’y a de bergeries contenant des milliers de brebis, ou encore d’autres immenses bâtiments abritant des dizaines de milliers de poulets ou canards, l’air y étant contrôlé, aseptisé.

Est-ce cela le bien-être animal ? Vu par nos technocrates, certainement. Pourtant, les animaux, quels qu’ils soient, aiment bien la présence de l’homme. Il y a encore des paysans qui parlent à leurs animaux, qui n’ont pas peur de « traverser la route » pour aller voir et caresser leur bétail une dernière fois avant d’aller se coucher. Je me souviens dans mon enfance, d’avoir vu un paysan que j’admirais décavaillonner ses rangées de vignes avec deux vaches au joug, sans personne pour les guider devant. Dès que l’outil accrochait un échalas ou un cep, l’attelage s’arrêtait net et ne repartait tranquillement que lorsque l’engin était dégagé, sans que l’homme ne dise un mot. Mais souvent, en bout de rang, il s’arrêtait, allait devant pour caresser ces grosses têtes, dont les grands yeux ronds lui rendaient bien cette marque de considération.

Nos paysans n’ont pas attendu ces réglementations pour donner du bien-être aux animaux.

Que doivent penser de notre agriculture nos braves étudiants de Sciences Po ?

Un petit mot d’excuses serait le bienvenu pour nos agriculteurs pour ces phrases que nous osons espérer simplement maladroites.

(1) Du 8 février 2019.