La chaîne parlementaire diffuse actuellement un magnifique documentaire : « Derniers jours d’un médecin de campagne ». Le réalisateur, Olivier Ducray, a filmé pendant onze mois un médecin généraliste de soixante-neuf ans, Patrick Laine, installé depuis trente-cinq ans dans un bourg de 800 habitants en Haute-Saône. Médecin de famille, passionné par son métier, très investi et dévoué, mais usé, il considère que le savoir-faire, la technique et l’expérience sont importants, mais place avant tout les qualités humaines, telles que la capacité d’écoute ou l’empathie, comme primordiales. « On soigne un être humain, dit-il, les spécialistes soignent un organe. » Depuis plusieurs années, Patrick Laine se cherche un successeur. Début 2016, il a publié sur Le Bon Coin une annonce, où il propose de céder gracieusement son matériel et sa patientèle. Cette initiative a suscité l’intérêt des médias, mais ne lui a pas permis de trouver un successeur. En fait, il lui en faudrait deux !
Le monde rural n’attire guère les médecins. Un tiers des communes sont considérées comme des déserts médicaux et le film permet de découvrir la détresse des patients les plus fragiles. Les généralistes sont de moins en moins nombreux et, dans les dix ans à venir, plus d’un quart d’entre eux partiront à la retraite. Le numerus clausus qui ne sert à rien, du fait de la libre circulation des médecins en Europe, avec une sélection basée sur les maths et la physique, qui fait que 85 % des étudiants échouent en première année, n’arrange pas la situation. Quant aux mesures prises pour inciter les généralistes à s’installer dans les déserts médicaux, elles n’ont guère eu d’effet. Alors, on évoque comme l’une des solutions la télémédecine, consultation à distance utilisant les techniques de l’information et de la communication, mais tellement à l’opposé de cette médecine si humanisée pratiquée par Patrick Laine, qui déclare dans ce film : « À la poignée de main et au regard, dans 70 % des cas, j’ai le diagnostic. »