Il semble loin le temps où l’on était quasiment maire à vie. Indéracinables, certains faisaient cinq, six mandats, voire plus. Ce n’est désormais plus le cas. Lors de cette dernière mandature, l’on constate deux fois plus de défections en cours de mandat, que lors de la précédente. Et dans deux ans, c’est peut-être la moitié des maires actuels qui ne repartira pas pour un nouveau mandat, contre environ un tiers habituellement.

Car les maires ont le blues. Ils se sentent délaissés, abandonnés, regardés de haut par un pouvoir jupitérien qui semble les négliger. C’est particulièrement vrai dans les petites communes où le maire est souvent bon à tout faire, se coltinant parfois des tâches ingrates. Je me souviens de mon père, maire d’une petite commune balayant le riz sur les marches de la mairie après un mariage. Un véritable sacerdoce ! Sans doute moins bien accepté aujourd’hui.

Et puis le contexte a changé. Les dotations de l’État diminuent, alors que les charges augmentent. La tâche devient de plus en plus lourde et les réglementations de plus en plus complexes. Si dans les villes, le maire dispose d’un staff important, le premier magistrat d’une petite commune est généralement seul avec un secrétaire de mairie, souvent à temps partiel. Par ailleurs, les maires ont de plus en plus de responsabilités et de moins en moins de pouvoirs, depuis que la loi NOTRe a transféré certaines compétences aux communautés de communes ou d’agglomération. S’ils demeurent, du fait de leur proximité avec la population, les élus les plus appréciés, selon le baromètre du Cevipof (1) publié en janvier, ils voient leur cote de confiance passer de 64 à 55 % en un an. Entre un maire et ses concitoyens, c’est souvent une histoire de passion. Du reste, François Hollande avait un jour fait remarquer que l’anagramme du mot « maire » était « aimer ».

(1) Centre d’études sur la vie politique française.