Drôle d’animation d’été proposée à quatre jeunes femmes du Blanc (Indre) : un cours pour accoucher en voiture ! Elles ont appris, en juin, que leur maternité allait fermer en juillet et août, faute de personnel. Voire plus longtemps si le recrutement de huit titulaires ne comble pas les trous d’un planning jusqu’ici largement occupé par des intérimaires.

C’est ce planning gruyère qui a poussé la direction de l’hôpital de Châteauroux, gestionnaire depuis un an de l’hôpital du Blanc, à fermer ce service, au nom de la sécurité. (Et sans doute aussi des économies.) La cinquantaine de femmes qui devaient accoucher au Blanc cet été devra donc parcourir plus d’une heure de route vers les maternités de Châteauroux, Poitiers ou Châtellerault. D’où ce cours aussi sérieux qu’ubuesque sur le repérage anticipé des zones blanches pour appeler les secours en cas d’urgence. Ou encore le matériel à préparer, en plus de la valise du bébé : un grand sac-poubelle pour protéger les banquettes arrière du véhicule, des ciseaux, de la ficelle.

En France, depuis quarante ans, les deux tiers des maternités ont fermé malgré un nombre de naissances stable autour de 800 000. On en comptait 107 qui assuraient 500 accouchements en 2003. Elles ne sont plus que 63 alors que les grandes structures (2 000 accouchements et plus) sont passées de 95 à 132. La difficulté du métier d’accoucheur, les risques encourus quand cela se passe mal, ne peuvent être niés. Mais comme le souligne le comité de défense de cette maternité, a-t-on encore le droit de naître et de vivre en dehors des villes ? N’a-t-on pas le devoir de partager les compétences médicales sur nos territoires ? Il y a bien longtemps, je suis née au cœur de l’été dans la ferme de mes parents. Mais doit-on revenir au « bon vieux temps », quand le taux de mortalité s’affichait à 152 pour 1 000 naissances au lieu de 40 aujourd’hui ?