Les ponts de mai ont été chauds, en particulier pour l’élevage et les rédacteurs de la loi sur l’alimentation. Elle ne devait pas aborder le bien-être animal, mais… deux sujets ont surgi en Une, activés par des vidéos virales, commentées par Sophie Marceau et Brigitte Bardot, sœurs en indignation ! Et les commentaires ont suivi. On a entendu dans tous les médias des prises de position quasi à sens unique qui peuvent se résumer ainsi : « Ce n’est pas la faute des éleveurs qui gagnent si mal leur vie. Mais, côté mode de production, ils ont tout faux : il y a encore 70 % de poules pondeuses en cage. Il faut les interdire. Quant aux abattoirs, les lobbies de la viande ont empêché l’installation de caméras au poste d’abattage. Il faut les imposer. » Le rapporteur de la loi, agriculteur lui-même, a accepté de réintroduire deux amendements a minima. L’un interdit la construction de nouveaux poulaillers avec cage. Mais quel éleveur sensé penserait à investir des milliers d’euros dans des cages ? L’autre propose l’installation de caméras, mais à titre expérimental dans les abattoirs volontaires. C’est presque une blague : imagine-t-on les abattoirs réfractaires se précipiter sur l’expérimentation ? Les associations de protection animale, mais aussi un nombre non négligeable de députés de tout bord, savent qu’ils ont perdu cette bataille. Mais les éleveurs ont-ils gagné ? Face aux cages, quel consommateur a entendu la promesse faite par la filière de passer de 30 % à 50 % d’œufs d’élevages alternatis (bio, plein air, sol,...) en 2022 ? A-t-on fait écho au temps indispensable pour transformer des poulaillers mis aux normes il y a moins de six ans ? Connaît-on l’échelle des prix qui varie pour le consommateur de 1 pour l’œuf en cage à 1,8 pour l’œuf plein air et à 3 pour l’œuf bio ? Côté abattoir, les caméras ne sont-elles pas le meilleur moyen de démontrer que ces vidéos trash qui circulent sont une vision tronquée de la réalité quotidienne ? Ces amendements n’éteindront pas l’incendie allumé par certaines associations. Ce sera à peine un répit pour les éleveurs.