«C’est la folie. Avant, Je vendais un ou deux kilos de carottes par jour, maintenant, je vends le triple. » Pour les autres légumes, c’est pareil. Qu’est-ce qui a changé chez ce marchand du cœur de Paris ? L’arrivée de l’hiver et l’envie de faire des soupes ? L’impact des émissions culinaires ? Non, ce qui a changé, c’est le Pac. LE Pac, pas LA Pac. Le « prêt à cuire ».
Cela fait vingt ans qu’il y a des préparations de produits frais sous cellophane. Les salades prêtes à la vinaigrette ou les pommes de terre lavées, par exemple. Depuis quelques années, on trouve aussi des ananas épluchés et découpés en rondelles et des haricots verts, équeutés, taillés à 9 cm de long et présentés en barquettes rectangulaires. Mais depuis quelques mois, la mode s’est généralisée à toute la gamme des légumes : carottes taillées en bâtonnets, oignons ou poireaux émincés, en passant par les choux-fleurs en sommités et les potimarrons en paysanne. Tout se vend comme des petits pains.
Comment expliquer un tel succès ? L’argument maître, c’est le gain de temps. Des légumes nettoyés, épluchés, lavés, découpés, ciselés, émincés, en un mot, des légumes prêts à l’emploi. Dans notre société technologique où l’on s’agace quand un ordinateur patine deux secondes pour ouvrir un fichier, le temps est la valeur cardinale. Plus vite, plus vite ! Pas question de perdre une minute avec des racines et des tubercules… On peut ajouter qu’ils sont faciles à stocker et prépesés. Sous cellophane, les ventes sont multipliées par deux. Avec un label bio, c’est par trois. Sans gluten, c’est par quatre. Car dans cette approche, le prix ne compte presque pas. Le consommateur d’aujourd’hui, ou au moins les bo bio urbains qui sont le cœur de cible de ce marketing légumier, n’achète pas un produit, il achète un style de vie. 10 % de produits, 90 % de marketing.
Ah, j’oubliais le principal : ce sont aussi des légumes sans terre ! Formidable, non ?