Dans les travées du Palais des congrès de la Porte de Versailles (Paris) fin novembre, les maires étaient présents. Certes, pas les 35 400 édiles que compte l’Hexagone mais près de 5 000 réunis par l’Association des maires de France qui fêtait ses 100 ans. Sur l’estrade, se sont succédé les ministres aux côtés de maires méritants qui racontent leurs expériences heureuses.

Régulièrement, un micro est tendu à la salle qui gronde. Et pour une fois qu’on les écoute, les maires ruraux ne sont pas les derniers à relater leurs combats homériques contre une administration sourde à leur différence en ces temps de « métropolisation » : Ici, c’est une pharmacie que l’on ne peut déplacer de 500 mètres à cause d’un décret vieux comme le monde, là, ce sont les services de chirurgie et maternité de la ville d’à côté déplacés… à plus de deux heures de route l’hiver ! Chez tous ceux qui vont bien comme chez ceux qui vont mal, cette même volonté : que la diversité des territoires soit reconnue, qu’on leur donne de la souplesse, la possibilité d’expérimenter, de bouger non sur la contrainte mais sur le désir ! « La seule compétence que l’on ne dispute pas aux maires, c’est celle de se faire engueuler ! », dira l’un d’eux. En fin de congrès, le président de la République Emmanuel Macron est venu reprendre la main face à ces piliers de la République de mauvaise humeur depuis les diverses annonces faites cet été : suppression progressive de la (très décriée) taxe d’habitation vécue comme une restriction de leur liberté fiscale, fin brusque des contrats aidés. « La vérité se trouve au plus près du terrain », a clamé Emmanuel Macron. Il a été applaudi. A-t-il été cru, lui qui a commencé son discours en citant, un brin taquin, le fondateur de l’Association des maires de France qui déclarait en 1907 : « Nous sommes enserrés dans les règlements rédigés par les bureaux des ministères. Règlements uniformes pour toute la France qui ne tient pas compte des usages locaux ni de la situation géographique. » Cela ferait-il 100 ans que les maires prêchent dans le désert ?