Durant tout l’été se sont multipliées – à la radio, à la télévision et dans la presse écrite – les enquêtes diffusées ou rediffusées, jusqu’à plus soif (et plus faim), sur l’alimentation : le bon, souvent le bio, le plein air, le trop de graisses, le trop de sucre, le trop de viande, le trop d’additifs, le trop de transformation. Bref, on retenait : pour bien manger, il faut acheter en circuit court, connaître personnellement le « petit » producteur, redécouvrir l’art de cuisiner, tirer parti de tous les morceaux, valoriser, y compris les fanes de radis ! Pourquoi pas ? Et voilà que tombe une autre recette du bonheur dans l’assiette : devenir végan. Vous vous précipitez dans votre supermarché. Le rayon dédié aux « sans viande » s’est encore élargi : les plats cuisinés sous vide, sous emballage plastique,vous font de l’œil. Vous lisez la composition. Et là, vous reposez la barquette : trop de soja cultivé on ne sait où, trop d’additifs. Bon ! Faute de plat végan, vous vous dirigez vers le rayon bio. En passant devant le rayon presse, l’enquête de Que Choisir vous saute aux yeux : « Le bio vaut-il vraiment le coup ? » Ce n’est pas très correct, mais vous jetez un œil : « Manger bio est sans doute plus sain », dit le premier article. « Le bien-être animal est moins négligé », soutient le suivant. « L’origine des produits est plutôt hexagonale, si ce n’est local », poursuit le troisième. Mais voilà, les prix explosent : ils sont multipliés par deux en magasin bio et presque par trois en supermarché classique !
Un espoir cependant : un supermarché low-cost multiplie sur les ondes de la radio sa recette du bonheur familial : il pratique « le vrai prix des bonnes choses », le jus de pomme à 99 centimes, le roquefort à 11 euros, le poireau le moins cher du marché ! Là, c’est le bon sens qui reprend le dessus : comment faire du bon si peu cher ? Comment les producteurs peuvent-ils encore exister ? Jamais les consommateurs n’ont eu autant le choix, jamais ils n’ont eu autant d’informations. Jamais leur angoisse n’a été autant nourrie ! Est-ce pour cela que se multiplient les stages et les livres sur la méditation ?