«Quand avril commence trop doux, il finit pire que tout. » Le proverbe nous annonça cette année les ravages sur les fruitiers, les vignes et « autres gentillesses procédant du raisin », comme l’affirmait voici plus de quatre cents ans Olivier de Serres. Un récent météorologue, ne croyant pas aux dictons, reconnaissait en revanche la fréquence inexpliquée d’un coup de froid fin avril, début mai, que de douteux plaisantins appelèrent « seins de glace ». De retour sur le plancher des vaches, on vit tel politicien novice se perdre en conjectures sur les « vaux sous la mer » mais on apprend surtout que « le mois de mai de l’année décide de la destinée ». Sans oublier tout de même que « petit roussin peut abattre grand vent ». Or le grand vent qui devait nous porter s’est effiloché en roussin sans consistance lors des débats sur l’avenir. Au village au moins, ceux qui s’étripent peuvent-ils se retrouver au bistro pour, ensemble, « faire ribote ». Nous n’en sommes pas là. Et c’est encore en remontant quatre cents ans qu’on découvre, sous un jugement perçant, le cardinal de Retz pensant « qu’il sied encore plus mal à un ministre de dire des sottises que d’en faire », tout en observant que « ceux qui sont à la tête des grandes affaires ne trouvent pas moins d’embarras dans leur propre parti que dans celui de leurs ennemis », en ajoutant qu’« il y a loin de la velléité à la volonté, de la volonté à la résolution, de la résolution au choix des moyens, du choix des moyens à l’application ». On regrettera peut-être ce savoureux cardinal propre à remettre les pendules à l’heure, mais on reconnaîtra que la secrète mouvance de la pensée d’un gagnant peut être aussi un atout de nature, espérons-le, à refonder la France et l’Europe, et qu’à Noël, faisant taire les ravauderies, ensemble nous irons « faire procession avec ce qu’il y aura de monde ».