Pour l’ouverture de la Semaine verte de Berlin - équivalent du Salon de l’agriculture - les plus hautes autorités allemandes ont choisi d’envoyer des messages forts à l’opinion publique sur la nécessité d’une « vision réaliste » de l’agriculture, qui assure un approvisionnement alimentaire solide, et non une « vision romantique » ou picturale. La chancelière, Angela Merkel, a insisté sur le potentiel fantastique de la digitalisation agricole, pour lutter contre la faim dans le monde et atteindre un haut niveau de durabilité dans l’utilisation des ressources naturelles et de la performance économique. L’heure est venue de démocratiser l’agriculture digitale pour insuffler un mouvement partagé par l’ensemble des exploitations, y compris celles de taille modeste.

En parallèle, la ministre de l’Agriculture, Julia Klöckner, a annoncé qu’une enveloppe de 60 millions d’euros sera débloquée dans les quatre prochaines années dans ce sens. Objectif : accélérer la recherche appliquée et le développement d’outils concrets dans les champs. D’ici 2030, la ministre estime qu’aucune parcelle ne sera tenue à l’écart de la digitalisation, avec des robots, des capteurs et autres outils connectés partout, permettant de transférer des données dans le cloud, vers les supermarchés et les consommateurs, et de mettre en place une agronomie de précision à la portée du plus grand nombre.

Pour sa part, le Commissaire européen à l’Agriculture a indiqué que le digital était une priorité de la future réforme de la Pac, dès lors que la réforme envisagée offre de larges flexibilités en matière budgétaire. Pour autant, cette vision optimiste n’est pas partagée par certains députés européens allemands. Albert Des en tête, pilier de la commission de l’Agriculture du Parlement européen, entend, au contraire, mobiliser contre les propositions soumises par la Commission en juin dernier, en lui demandant de revoir intégralement sa copie. L’amendement qu’il défend auprès de ses collègues est simple et ne tient qu’en quelques mots : « Le Parlement européen rejette la proposition de la Commission. » Il aurait d’ores et déjà obtenu le soutien d’une quinzaine de députés de la commission de l’Agriculture, qui estiment que la réforme, très technocratique, n’est satisfaisante ni du point de vue de la simplification, ni de celui de la politique, et qu’elle n’apporte pas réellement de réponse aux grands défis de l’agriculture.