Le Père Noël n’a pas oublié les agriculteurs américains. Le 17 décembre, le président Trump autorisait le versement de la seconde tranche du plan d’urgence annoncé en juillet - visant à compenser les pertes subies à cause de la guerre commerciale avec la Chine - doté d’une enveloppe d’aides directes d’environ 10 milliards de dollars. Le 20 décembre, il promulguait la nouvelle loi cadre agricole, dite Agriculture improvement act (AIA), qui maintient jusqu’en 2023 l’architecture actuelle des programmes de soutien, mais améliore sensiblement la protection des revenus agricoles. La disposition la plus spectaculaire de l’AIA est la forte hausse des prix minima des grandes cultures. Plus 15 % pour le blé, à 124,2 $/t ; + 12,8 % pour le maïs, à 86,6 $/t ; + 24 % pour le soja, à 227,8 $/t, allant même jusqu’à + 35 % pour les pois chiches de petite taille et + 44 % pour l’avoine. Les prix de référence, qui déterminent le montant des paiements compensateurs versés au-dessus des prix minima, pourront être augmentés au-delà de leur niveau actuel (202,1 $/t pour le blé, 145,7 $/t pour le maïs, 308,6 $/t pour le soja, payables sur 85 % de la surface historique et sur la base des rendements historiques de référence).
Les agriculteurs choisissant de participer à l’autre programme de soutien proposé par la législation, qui offre une couverture contre les baisses de chiffre d’affaires par culture, bénéficieront eux aussi de meilleures protections. Enfin, le programme de garantie de la marge brute des producteurs de lait est nettement renforcé, avec notamment une baisse des cotisations dues par les exploitations dont le troupeau est inférieur à la moyenne nationale, soit environ 240 vaches. Tout Farm Bill est un compromis et l’AIA n’échappe pas à la règle. La Chambre des représentants a ainsi renoncé au durcissement des critères d’éligibilité à l’aide alimentaire (food stamps). En contrepartie, le Sénat a accepté de rehausser fortement le plafond d’aide directe par producteur. Il sera déterminé en fonction du nombre de membres de la famille, incluant les nièces, neveux, et cousins de l’exploitant. Certes, l’AIA contient bien d’autres mesures, favorables aux jeunes agriculteurs, à la protection de l’environnement, à l’agriculture bio, aux circuits courts, etc. Mais il élargit encore la faille, qui n’a cessé de s’agrandir ces dernières années, entre les politiques agricoles menées aux états-Unis et en Europe.Le contraste avec le projet de réforme de la Pac est frappant. Quelles conclusions en tirera-t-on à Bruxelles ?