Aux Baléares, la bataille entre agriculteurs et écologistes fait rage. À l’origine de ce bras de fer : la décision du gouvernement local d’augmenter la superficie des espaces naturels. Cette décision se base sur « les changements de répartition des oiseaux sur l’île », selon l’exécutif de la province autonome, qui ajoute que ces zones n’avaient pas été redéfinies depuis huit ans.
Pour faire voter cette mesure, qui doit être approuvée par Madrid et Bruxelles, il s’appuie sur la révision exigée par l’Union européenne du découpage des zones défavorisées. « Pour celles à contraintes spécifiques, l’Espagne a retenu deux critères : la présence d’espaces naturels protégés et l’insularité », indique le ministère de l’Agriculture, qui précise que ces décisions relèvent de compétences provinciales.
Bientôt, les Baléares disposeront de près de 12 000 ha (8 % du territoire) de plus en zone naturelle protégée. Une perspective peu réjouissante pour les syndicats agricoles, qui estiment que sur cette superficie, 10 000 ha sont aujourd’hui dédiés à l’agriculture, l’élevage, la sylviculture ou la chasse. « Cela signifie que, du jour au lendemain, sous prétexte que la culture des céréales est jugée nécessaire à la préservation de la caille, on pourra nous interdire d’en changer », s’inquiète Joan Simonet, l’un de ses représentants. Il craint par ailleurs que le moindre nouveau projet agricole ne soit désormais décalé de huit à neuf mois du fait de l’obligation préalable de réaliser un rapport d’impact environnemental.
Versement d’une compensation
La délimitation de ces espaces naturels permet le classement en « zone à contraintes spécifiques », ce qui implique le versement d’indemnités compensatoires aux agriculteurs présents. Aux Baléares, intégralement classées en zone défavorisée si l’on intègre les montagnes, 683 agriculteurs ont perçu 4,62 millions d’euros en janvier dernier, dont 3,3 millions ont été alloués aux 487 agriculteurs des zones hors montagne.
Cependant, seuls les professionnels, et non tous les titulaires d’une exploitation, recevront l’indemnité compensatoire de handicaps naturels. « Ces aides se concentreront sur les personnes qui vivent réellement de l’agriculture et leur offriront un revenu plus élevé », a souligné Vincenç Vidal, conseiller agricole et environnemental du gouvernement.