Les armées sont en ordre de bataille. Le 21 juin, la Chambre des représentants a adopté in extremis – par 213 voix contre 211 – le projet de Farm Bill qu’elle avait rejeté un mois plus tôt. Le 28 juin, le Sénat s’est prononcé à une forte majorité – 86 voix contre 11 – en faveur d’une proposition très différente, faisant l’objet d’un large consensus entre républicains et démocrates. Les deux assemblées vont constituer une commission paritaire pour trouver un compromis, sachant que la législation en vigueur expire le 30 septembre.

La principale pierre d’achoppement est l’aide alimentaire. Au nom de la lutte contre l’« assistanat », les représentants, soutenus sur ce point par le président Trump, veulent subordonner l’accès aux cartes d’alimentation à des conditions beaucoup plus restrictives en matière de revenu, d’emploi et de formation professionnelle. Les sénateurs, au contraire, privilégient le statu quo. Ils ne souhaitent pas réformer substantiellement le programme, ce qui augure de difficiles débats avec les députés.

La Chambre des représentants prône également une réduction des mesures agroenvironnementales, alors que le Sénat voudrait les renforcer. En outre, elle propose de rehausser, voire même de supprimer, selon le cas, les plafonds d’aides par exploitation, qui pénalisent les très grandes fermes. Le Sénat, à l’inverse, préconise d’abaisser ces plafonds, pour ralentir la concentration des exploitations.

Les projets des deux assemblées s’opposent donc sur des points majeurs. Alors que les débats s’aiguisent sur la réforme de la Pac, les Européens seront particulièrement attentifs au compromis que forgera le Congrès sur le budget du soutien à l’agriculture, le montant des mesures agroenvironnementales et la limitation éventuelle des aides par exploitation. En revanche, pour la plupart des productions, l’architecture des programmes de soutien en vigueur aux États-Unis devrait rester largement inchangée.