Le vote, le 14 mars, au Parlement européen d’une résolution appelant la Commission européenne à légiférer dans le domaine du bien-être des lapins d’élevage a suscité de nombreuses réactions, y compris hors des cercles agricoles : en ces temps de Brexit et de crise quasi-généralisée de l’Union européenne, est-ce bien la priorité, pour l’Europe, de se préoccuper d’une production qui ne représente pas plus de 1 % de la production animale totale ?
Toutefois, cette incompréhension est loin d’être généralisée. Etle travail de fond mené depuis plusieurs années, dans tous les pays de l’Union européenne, par les ONG de protection de la cause animale l’est également à Bruxelles, où elles sont présentes à chaque débat ou initiative touchant le secteur animal. Y compris à travers des actions de communication percutantes. Encore récemment, une exposition sur les cages à lapins occupait le principal point de passage, au sein même du Parlement européen.
Certes, la Commissaire européenne en charge des consommateurs, Vera Jourova, a coupé court à la demande des députés européens, indiquant que son institution n’avait aucune intention de présenter à brève échéance une réglementation ciblant le bien-être des lapins.
Mais Bruxelles n’écarte pas le dossier bien-être animal d’un revers de main pour autant. Celui-ci est, au contraire, sur la liste de ses sujets prioritaires. Et des États membres tels que l’Allemagne, les Pays-Bas ou encore le Danemark songent, y compris à la faveur de la future réforme de la Pac, à allouer des financements supplémentaires pour l’investissement en la matière dans leurs filières d’élevage, face à la forte mobilisation de leur opinion.
Concrètement, la Commission européenne a lancé la procédure de sélection de 75 experts européens , afin de créer une task force « bien-être animal » spécifique. Celle-ci sera composée de représentants des ministères de l’Agriculture de l’UE, d’ONG et de quelques professionnels, en nombre limité.
La task force se réunira deux fois par an – pour la première fois début juin – avec comme feuille de route la mission de contribuer à la réflexion et de venir avec des propositions concrètes, « mesurables et réalistes » en matière de bien-être des animaux d’élevage. En ligne de mire, au moins dans un premier temps, les conditions de transport des animaux vivants. Elles seront au centre des premiers travaux de la task force.
En tout état de cause, avec ce dossier, comme sur celui du verdissement, la Commission rappelle que les sujets sociétaux ne sont pas prêts de disparaître – et qu’aujourd’hui, comme demain, le volet économique de la Pac ira de pair et devra être conçu de façon cohérente et complémentaire à son volet sociétal.