Née sur le continent américain, l’agriculture de conservation s’est diffusée en France à partir des années 1990, sous l’impulsion de quelques pionniers. « Je me suis lancé à cette époque-là, après avoir lu un article sur le sujet, et parce que j’avais des problèmes de portance sur deux parcelles », a témoigné Jacky Chauvin, agriculteur à Louresse-Rochemenier (Maine-et-Loire), lors du colloque « Cultivons l’agriculture de conservation », organisé le 20 décembre aux Ponts-de-Cé. À l’aube des années 2000, ce producteur de céréales et de semences, installé sur 90 hectares, revend sa charrue. « J’ai alors mis l’accent sur la rotation des cultures et sur les couverts végétaux, à base de phacélie et de féverole. » Un travail semé d’embûches mais qui, entre autres bénéfices, à permis de restaurer la portance des sols et de réduire la consommation

de fioul à 55 litres/hectare.

Lever les freins

« Les avantages de l’agriculture de conservation sont démontrés et les techniques sont globalement bien calées », a estimé Denis Laizé, agriculteur chargé des questions d’agronomie à la chambre d’agriculture. Pour autant, sur le terrain, cette pratique qui concilie travail minimum du sol, diversification des espèces et couverture permanente, reste minoritaire. « Il existe des freins à son développement », a confirmé Marie-Line Faure, agronome. Certains sont de nature technique. « Comment faire avec des sols à 65 % d’argile ? », a interrogé un agriculteur.

D’autres freins sont davantage psychologiques. « Je dois composer avec le scepticisme de mes associés », a déclaré un jeune exploitant, qui a choisi la pédagogie et a dédié une parcelle à l’agriculture de conservation. « Cela me permet de faire mes expériences et, ensuite, de pouvoir discuter avec mes associés », a-t-il expliqué.

Anne Mabire