Durement secouée en 2017 par une vague de suicides, la Saône-et-Loire a décidé de réagir. Pour accompagner les agriculteurs en situation de souffrance au travail et de mal-être, la chambre d’agriculture est allée chercher des partenaires en dehors du monde agricole : Amarok, l’observatoire de la santé des dirigeants de TPE et PME, créé il y a une dizaine d’années par Olivier Torres au sein de l’université de Montpellier, et le Réseau Mentorat France, spécialisé dans la mise en relation d’entrepreneurs (lire encadré).
La première étape de ce travail a été présentée le 14 septembre dernier à Jalogny. Olivier Torres a commenté les résultats d’une enquête menée auprès de 225 agriculteurs volontaires. En majorité, des éleveurs bovins, dont un quart de femmes.
40 % d’agriculteursen risque de burn out
« 40 % des personnes interrogées sur leur santé physique et morale présentent des facteurs de risque d’épuisement professionnel, a-t-il expliqué. C’est un niveau très supérieur à ce que l’on rencontre dans les autres secteurs professionnels. Ainsi, 75 % des enquêtés ont une vision négative de leur avenir. Beaucoup ont le sentiment d’avoir perdu la main sur leur métier dont les enjeux se jouent à Bruxelles ou sur les marchés mondiaux. Ils souffrent de l’image qui leur est renvoyée à travers les discours négatifs sur les pesticides ou la viande. »
Le travail engagé par la Saône-et-Loire est une démarche à moyen terme. L’état de santé des agriculteurs va être approfondi au cours des trois prochaines années. Les 225 professionnels enquêtés (1) seront recontactés quatre fois par an via un questionnaire internet. En cas de détection de situation à risques, un message d’alerte sera envoyé à l’agriculteur. En passant par un numéro vert gratuit, il pourra entrer en relation avec une psychologue du travail d’Amarok. Un lien sera également possible avec le dispositif de la MSA « Agri’écoute », opérationnel 24 h sur 24, sept jours sur sept. Parallèlement à l’observatoire de la santé des agriculteurs, la chambre d’agriculture va envoyer une plaquette « Mieux vivre dans mon métier », récapitulant l’ensemble des initiatives et coordonnées, aux agriculteurs du département (2), et entend mettre en place des formations.
(1) Leur nombre pourrait monter à 300. (2) Disponible sur le site de la chambre d’agriculture (www.sl.chambagri.fr/)