C’est « un problème dont nous nous passerions aisément, affirment les éleveurs de la Haute-Loire. Nous apercevions des vautours planant dans le ciel durant les étés précédents mais cette année, ils sont descendus dans nos troupeaux. Leur comportement atteste qu’ils sont passés de charognards à prédateurs. »

Le sauvetage miraculeux d’un agneau nouveau-né des griffes d’une trentaine de vautours par Laurent Laterrisse et ses deux fils, à Torsiac, dans le Brivadois (Haute-Loire), le 13 juin dernier au matin, témoigne d’une attaque sur un animal vivant. L’éleveur, à la tête de 630 brebis de race blanche du Massif central, est arrivé « au bon moment » dans un lot de 200 brebis agnelant au pâturage. Armés de bâtons, avec ses fils, ils sont parvenus à faire fuir ces oiseaux « des plus impressionnants ». Le 1er juin, c’est chez Renaud et Pauline Hugony qu’une vache en train de vêler a subi l’assaut des oiseaux. « Nous avons retrouvé le crâne et une patte du veau, la vache s’est fait dévorer tous les organes génitaux », explique le couple qui élève 47 vaches montbéliardes à Saugues (Haute-Loire). « Sept attaques de vautours ont été répertoriées depuis le début de l’été chez des éleveurs bovins, ovins et équins, indique Laurine Rousset, présidente de Jeunes Agriculteurs de Haute-Loire. Le problème est d’importance. La migration de ces oiseaux au nord de leur zone d’introduction, dans les Grands Causses, témoigne d’une mauvaise régulation de la population. Les éleveurs ont pu observer que les oiseaux n’étaient ni bagués ni étiquetés. Quand des dizaines de vautours tournoient et s’abattent sur un animal, la notion de bien-être animal nous échappe ! »

Une population à réguler

Les éleveurs aveyronnais du plateau de l’Aubrac enregistrent, eux aussi, une dizaine d’attaques sur des troupeaux bovins. « Les vautours se sont acharnés sur des veaux naissants et sur des animaux en bonne santé, précise Romain Déléris, président de Jeunes Agriculteurs de l’Aveyron. Nous avons demandé une rencontre avec le préfet et le nouveau représentant de la DDT. »

La Lozère, qui s’inquiète d’un grand nombre de vautours tournoyant au-dessus de son territoire largement occupé par l’élevage, s’associe à la Haute-Loire et à l’Aveyron pour une rencontre interdépartementale et la demande d’une régulation de la population des vautours. Pour l’heure, les éleveurs de Haute-Loire n’ont pas reçu de réponses convaincantes de la préfecture, avec une demande de tirs d’effarouchement requérant deux ans de procédures et des indemnisations impossibles, faute d’enveloppe.

Monique Roque-Marmeys