Quand les excès du climat endommagent les infrastructures, l’économie en subit le contrecoup. Depuis le passage de la tempête Gloria en janvier 2020, le plateau cerdan, à plus de 1 300 m d’altitude, était coupé du reste des Pyrénées-Orientales, les fortes pluies ayant provoqué un affaissement de la route nationale 116. Le 19 mai, celle-ci a enfin rouvert, en circulation alternée car les travaux ne sont pas finis.
« Il était temps ! Durant quatre mois, il a été très compliqué d’organiser les livraisons », notent Jean de Maury, président de Cimelait, et Antoine Baurès, président de la coopérative catalane des éleveurs. « Avec nos fourgons légers, nous avions une dérogation pour passer par une route en crête et continuer à livrer nos yaourts dans la plaine. Mais cela prenait quand même une heure de plus », précise Tiphaine Feray, responsable de production à Cimelait. Pour amener le bétail à l’abattoir de Perpignan, les camions ont dû faire un détour bien plus grand qui a rallongé le parcours de trois heures. « Cela a augmenté nos frais. Mais nous avons réussi à maintenir l’activité », relève Antoine Baurès.
Le confinement en plus
Avec le confinement, la situation s’est encore compliquée. « Les cantines ont fermé, nous avons dû trouver d’autres débouchés pour nos veaux », poursuit Antoine Baurès. Cimelait, qui vend un tiers de ses yaourts dans la restauration hors foyer, a transformé moins de lait. « Heureusement, la coopérative espagnole à qui nous vendons le reste a accepté de nous en collecter plus. Mais nous avons perdu de la valeur ajoutée », souligne Jean de Maury. Durant toute cette période, les résidences secondaires sont restées fermées. La boutique d’Err, créée par les deux coopératives, a tourné au ralenti. Les éleveurs qui pratiquent la vente à la ferme ont accumulé des stocks. « Il reste à espérer que la route soit remise à double sens rapidement, et que les touristes soient au rendez-vous cet été. » Frédérique Ehrhard