Le 9 octobre 2018, à 7 h 30 du matin, Jean Schneider, éleveur à Houldizy (Ardennes), récupère sur la route une vache qui s’est échappée. Il stoppe la circulation d’un côté et fait signe à un véhicule arrivant de l’autre. « Je pensais qu’il m’avait vu », raconte-t-il. Mais il fait sombre. Le conducteur fait un écart pour éviter l’animal et percute l’éleveur de plein fouet. Bilan : trois fractures à la jambe droite, une au poignet, quinze mois d’arrêt de travail, plusieurs opérations et complications.

« Pendant cet arrêt, j’ai réfléchi au fait que je n’avais pas de vêtement de sécurité, de type gilet jaune. J’ai cherché sur internet un gilet adapté à mon travail, en vain. » Avec deux autres agriculteurs, Jean contacte Éric Perrin, conseiller en prévention des risques professionnels à la MSA Marne-Ardennes-Meuse.

Un groupe de travail est alors constitué avec cinq éleveurs et céréaliers et des représentants d’organisations agricoles départementales (1). Épaulés par Clémence Blin, ergonome de la MSA, les participants définissent un cahier des charges pour que les vêtements répondent aux besoins des utilisateurs : visibilité, confort, aptitude à servir dans toutes les situations. À l’été 2019, celui-ci est présenté à cinq fabricants de vêtements professionnels français. Deux d’entre eux établissent des prototypes : un gilet haut de gamme, un autre classique, et une combinaison.

Un soutien financier

En décembre 2019, 418 vêtements sont commandés par 113 agriculteurs via la MSA. Pris en charge par les OPA à hauteur de 24 €, la combinaison revient à l’agriculteur à 42 €, le gilet haut de gamme à 44 € et le classique à 20 €. Les vêtements devaient être livrés fin avril. En attendant, Jean Schneider porte les prototypes en permanence.

Céréalier à Condé-lès-Herpy, Jean-Baptiste Bartoli emploie deux salariés : « En grandes cultures, le danger, ce sont nos outils. En premier lieu, le télescopique avec ses angles morts. Avec ces vêtements, nous sommes très visibles, surtout dans la pénombre. Toute l’équipe est en sécurité. » Cette expérience est encore cantonnée aux Ardennes. « Nous attendons les retours des premiers utilisateurs avant d’envisager de l’étendre à d’autres départements », précise Clémence Blin.

Chantal Urvoy

(1) Crédit agricole, Groupama, FDSEA, coopératives, chambre d’agriculture…