«Je suis un peu la mamie de toutes ces jeunes femmes et je suis très heureuse qu’elles soient venues aussi nombreuses ! » Marie-Thérèse Lacombe ne cache pas son bonheur de participer à une journée sur l’engagement au féminin, proposée par le groupe des filles des JA de l’Aveyron, dont la responsable, Virginie Albespy, est élue à la chambre d’agriculture. « Comme mon mari Raymond était très pris par le syndicalisme, c’est moi qui me suis occupée de nos vaches laitières pendant vingt-cinq ans, raconte l’éleveuse. Toute ma vie, j’ai travaillé sans aucun titre et, aujourd’hui, j’ai une retraite minable. Mais à l’époque, personne ne s’en souciait. Les filles n’avaient aucun droit. À 14 ans, elles quittaient l’école et travaillaient à la ferme. Une fois mariées, elles étaient juste des bras et un ventre, et n’avaient pas d’argent. »
Dès 1958, année de ses noces ainsi que de son arrivée en Aveyron, cette pionnière de l’émancipation des agricultrices a refusé d’habiter avec ses beaux-parents et a eu sa propre maison. Puis, dans son village, elle a créé un groupe de vulgarisation féminine pour la décohabitation et l’amélioration de l’habitat. Et nombre de curieuses sont venues voir sa cuisine avec l’eau courante et ses w.-c.
On mesure, dès lors, le chemin parcouru. « Aujourd’hui, nous avons choisi d’être agricultrices, nous ne subissons plus et nous sommes traitées à l’égal des hommes », souligne une participante. « En revanche, dans les instances agricoles, les femmes se sous-estiment et osent rarement être candidates, tempère Valérie Imbert, secrétaire générale de la FDSEA, dont elle préside la section bovine. Si je me suis engagée, c’est grâce au soutien de mon mari et de mes enfants. Mais au début, dans les réunions très masculines, on me prenait pour une animatrice. »
Ne pas se sous-estimer
Une fois élues, les femmes doivent être d’une efficacité redoutable pour gérer leur agenda. C’est le cas de Sabine Naudan-Delbosc, cinq enfants, éleveuse, présidente déléguée de la MSA du département et conseillère municipale. « Je ne voulais pas être juste agricultrice, avoue-t-elle. Ces activités me permettent de sortir de chez moi, et de respirer. » Ce que confirme Virginie Albespy : « Être à la chambre d’agriculture m’apporte un épanouissement personnel que j’apprécie, même si, à l’époque, j’ai été élue pour assurer la parité hommes-femmes ! » Florence Jacquemoud