L’introduction de deux nouvelles ourses dans le Béarn à l’automne 2018, puis leur déplacement vers le Pays basque, suscite de vives réactions. Pour les bergers d’ELB (la Confédération paysanne du Pays basque), ces prédateurs ne peuvent cohabiter avec les troupeaux. Ils ont tenu à l’expliquer au grand public, peu connaisseur de leur métier : « L’ours bénéficie d’une image et d’une symbolique positives, résume Panpi Sainte-Marie, secrétaire général d’ELB. Nous sommes pour le maintien de la biodiversité, mais opposés aux volontés de réintroduction. » Pour éclairer sa position, le syndicat a organisé deux soirées publiques dans les Pyrénées-Atlantiques, les 4 et 5 juillet à Ainhice-Mongelos et Bayonne. Elles ont démarré par la projection du documentaire d’Arte, Des ours et des hommes, tourné en octobre 2018 en Ariège. Des éleveurs transhumants locaux ont ensuite témoigné de leur quotidien, aux côtés de François Thibault, paysan ariégeois, vu dans le reportage et régulièrement confronté à cet animal.
Le retour d’une montagne sauvage
Vendredi dernier, les éleveurs ont parlé avec émotion de leur situation à la trentaine de personnes présentes. S’il y avait des pro-ours dans la salle, ils ne se sont pas exprimés. Quelques curieux ont interrogé sur le rôle de l’État, les solutions pour temporiser les prédations et cohabiter avec l’ours… En réponse, les paysans ont parlé du devoir de l’État de protéger tout citoyen, des problèmes engendrés par les chiens de défense, des indemnités insuffisantes, de la souffrance animale et de celle du berger. « Nous devons faire face à un prédateur qui n’a pas peur. Maintenir pastoralisme et population oursine viable est une utopie. Cela se passe très mal en Ariège. La question d’arrêter notre activité se pose et se posera de plus en plus. » Dans le public, une remarque fataliste fuse : « Mais finalement, quelle importance pour le citoyen lambda que la montagne redevienne sauvage ? »Hélène Quenin