L’agriculture régionale permet de couvrir les besoins en énergie de 17 millions de personnes et, en termes de protéines, de 12 millions, à comparer aux 6 millions d’habitants de la région. « Pour cela, elle consomme 2,92 mégawattheures (Mwh) par hectare, contre 2,73 MWh/ha au niveau national », explique Bertrand Dufresnoy, de la chambre d’agriculture de Haute-Marne, qui a piloté l’étude Clim’Agri Grand-Est. L’azote, avec 42 % de la consommation, et le gasoil, avec 28 %, sont les postes les plus importants. L’activité agricole émet 2,63 teq CO2 (équivalent carbone) par hectare et par an, contre 2,78 au niveau national, dont 78 % en émission directe. Elle est également responsable de 95 % des émissions d’ammoniac. « Avec les mesures actuelles, si l’agriculture régionale évolue comme durant la période 1990-2016 (scénario tendanciel), les émissions de gaz à effet de serre ne seront réduites que de 5 % en 2035. »
Passage en bio de 20 % des surfaces
Pour atteindre l’objectif des 15 % visés par la stratégie nationale bas carbone, un plan d’action a été élaboré. Parmi les mesures qui auront le plus d’impact, citons le passage à 20 % de surfaces en bio d’ici à 2035 – au lieu de 15 % en tendance –, à 10 % en agriculture de conservation et l’amélioration de 5 % de l’efficacité de l’azote. En élevage – objectif de 20 % en bio à l’horizon 2020 –, des systèmes plus extensifs et une autonomie alimentaire régionale sont préconisés, de même que la méthanisation de 30 % des effluents, contre 20 % en tendance, et de 25 % des Cive (1). Au final, le potentiel nourricier de la région en protéines augmenterait de 44 %, contre 36 %.
« Certains objectifs ont été intégrés dans le Stradet (2) qui prévoit aussi la lutte contre l’artificialisation des sols », précise Pascale Gaillot, vice-présidente du conseil régional chargée de l’agriculture.
Chantal Urvoy
(1) Culture intermédiaire à vocation énergétique.
(2) Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires.