Tous les midis, Minjat ! est une vraie ruche. Une centaine de convives dégustent à la « cantine » un menu à 16 euros – deux entrées, deux plats et deux desserts au choix –, élaboré avec les produits de la boutique. D’autres choisissent une salade, un sandwich ou une verrine à manger sur le pouce, accompagnés d’une orange pressée sur place et d’une tarte au citron en pot de verre consigné. Une clayette en bois leur est prêtée pour transporter le repas jusqu’à leur bureau, ou jusqu’aux tables disposées sur le trottoir. D’autres encore y font leurs courses.

Cette boutique d’un concept innovant, imaginé par trois jeunes entrepreneurs, a ouvert en septembre dernier à Colomiers, dans l’agglomération toulousaine. Vingt agriculteurs se sont associés financièrement à sa création. « Notre idée est d’offrir à une clientèle active des articles locaux de qualité, à des prix accessibles, dans un lieu chaleureux et convivial, explique Cyril Picot, fils d’éleveurs et de céréaliers du Gers, et l’un des fondateurs de Minjat ! Nous proposons tous les produits du quotidien, mais surtout une importante gamme traiteur et d’aliments prêts à consommer : légumes pelés et découpés, quiches, fromage à tartiner… Fabriquée sur place ou transformée par nos producteurs, elle est très appréciée des clients qui n’ont pas toujours le temps ou l’envie de cuisiner. »

Invendus cuisinés

Minjat ! dispose d’une cuisine professionnelle, ouverte sur le magasin. C’est Anton Dmitriev, fils de viticulteur et associé, qui est aux fourneaux. Il y prépare les déjeuners et les plats cuisinés du libre-service, comme les lasagnes aux épinards et à la truite des Pyrénées, sa spécialité. Dans les rayons, aucun aliment ne se perd, tous les invendus sont cuisinés. « À midi, nous servons surtout une clientèle qui travaille dans les entreprises du quartier, précise Cyril. Certains en profitent pour faire leurs courses, que nous gardons au frais jusqu’à leur sortie du travail. » Plus de deux cents agriculteurs, majoritairement installés en Occitanie, dont la plupart parviennent à mutualiser le transport, livrent quelque deux mille produits au magasin.

Depuis Saint-Médard, dans le Gers, Damien Lacomme, éleveur de volailles, apporte chaque semaine une centaine de poulets et pintades, ainsi que de la découpe sous vide (blancs, cuisses). « Je suis associé au projet, dans lequel j’ai investi 2 500 euros, et je réalise déjà près de 15 % de mon chiffre d’affaires avec Minjat !, confie-t-il. Vendre des produits frais au quotidien est un vrai métier. Je suis content que d’autres s’en chargent pour moi. »

Florence Jacquemoud