C’est un énième coup de théâtre dans le feuilleton du contournement de Beynac, village médiévale en vallée de la Dordogne. Le 9 avril, le tribunal administratif de Bordeaux a bloqué le projet du conseil départemental, qui consiste à créer une route de 3,2 km, doublée d’une véloroute, pour un coût estimé à 32 M€. Les juges ont annulé l’arrêté préfectoral qui autorisait les travaux, suspendus depuis la décision du Conseil d’État du 28 décembre. Le motif : le projet ne répond pas à une raison impérative d’intérêt public présentant un caractère majeur.

Pour Jean-Philippe Granger, président de la chambre d’agriculture, « à partir du moment où les opérations de construction ont été autorisées et engagées, on ne devrait pas revenir en arrière. Il est absolument scandaleux de stopper un chantier aussi important. Cela me fait penser au monde agricole : lorsqu’un projet se monte, un gros travail en amont se met en œuvre pour le faire accepter. Et malgré ces explications, des associations font arrêter l’activité. L’économie est freinée. Dans le dossier de Beynac, c’est le contribuable qui va payer. »

Pas d’impact sur le foncier agricole

Yannick Frances, éleveur, travaille dans ce secteur fréquenté par les touristes. « Il n’y a pratiquement pas d’incidence sur le foncier agricole, car le tracé de la déviation suit la voie SNCF », précise-t-il. Les parcelles et terrains ont été achetés, il y a plusieurs années, par le département. « J’ai des terres en location à proximité du chantier, notamment sur Castelnaud-la-Chapelle. J’ai le sentiment d’un énorme gâchis financier. Pour l’activité agricole, la traversée du bourg de Beynac avec nos engins est très difficile. L’été, c’est la galère, surtout en période de moissons. La déviation simplifierait la vie et les conditions de travail des exploitants. »

Le département fait appel de la décision du tribunal administratif de Bordeaux. Cela promet de nouveaux rebondissements dans ce dossier, qui dure depuis de plus de trente ans.

Claude-Hélène Yvard