Chrystèle et Gaby Renaudin sont producteurs de lait à Cintré (Ille-et-Vilaine), à la tête d’un troupeau de 100 vaches normandes sur 100 hectares. Le 2 avril, ils ont accueilli l’assemblée constitutive de l’association « Ma normande locale », qui regroupe des éleveurs, des transformateurs, des grossistes et des restaurateurs. Son objectif : valoriser la viande bovine de normande, race mixte, au niveau local. La réputation de ce produit et de son persillé n’est plus à faire.

Roger Brault, producteur à Billé et président de la toute nouvelle association, en est le premier défenseur : « Mettre de la viande importée dans les assiettes des gamins alors que nous en avons de l’excellente sur place me révolte. » Avec d’autres éleveurs d’Ille-et-Vilaine, il a réuni autour de la table des acteurs locaux pour monter une filière garantissant un animal élevé, abattu, transformé et consommé localement. Cette valorisation assure au producteur une plus-value de 0,30 à 0,35 €/kg par rapport à la grille, pour les bêtes qui rentrent dans le classement (conformation O- à R + et un état d’engraissement de 3 uniquement).

Assurer l’équilibre matière

Pilier du système, les grossistes se sont engagés à vendre « à l’équilibre matière ». Autrement dit à promouvoir l’ensemble de l’animal. « Il y a une complémentarité à trouver entre la restauration collective, preneuse de quartiers avant, et commerciale, plutôt amatrice des arrières, plus nobles. Ceci afin de ne pas dégrader la plus-value », explique Bernadette Loisel, de la chambre d’agriculture qui a accompagné le projet.

« C’est un changement de métier. Nous avons travaillé avec nos clients et nos commerciaux pour trouver la bonne répartition », confirme Sébastien Levesque, de Pomona Passion Froid, distributeur grossiste. Cela induit d’avoir une clientèle large et de travailler avec tous types de restauration. Les producteurs ont un important travail à accomplir pour proposer des vaches taries et finies dans le respect du cahier des charges.

Le Gaec Renaudin a déjà vendu huit bêtes dans la filière avec une plus-value de 10 % par animal, soit 120 à 150 €. La structure est dans sa phase de démarrage avec sept à dix vaches par semaine. Elle a bénéficié du soutien financier de la région, du département et de la collectivité Eau du bassin rennais. La démarche démarre en Ille-et-Vilaine, mais l’association souhaite l’élargir à la Bretagne et aux Pays de la Loire. Une massification de l’offre permettrait de poursuivre les efforts pour le lait.

Isabelle Lejas