« Nous donnons du foin à nos vaches depuis le 14 juillet alors que cette distribution commence en octobre en année normale. Il n’est pas tombé une goutte d’eau à partir de mi-juin, et il n’y a eu aucune repousse d’herbe sur les 50 ha de prairies fanées au 20 juin, explique Mickaël Guillot, installé en Gaec avec sa mère, son frère et sa belle-sœur à Tronget (Allier). Les associés élèvent 200 vaches allaitantes salers et charolaises, de même que 140 brebis Île-de-France et texel.
La SAU répartie en trois sites est de 387 ha avec 290 ha d’herbe, dont 150 ha de prairies permanentes, 128 ha de prairies temporaires, 9 ha de luzerne, et 100 ha de cultures, dont 25 ha de maïs ensilé, 15 ha de colza, 12 ha d’orge, 37 ha de blé et 10 ha de triticale. « Nous avons vu nos stocks fondre comme neige au soleil. Il a fallu réagir vite avant l’arrivée de l’hiver. Au 15 novembre, nous avons déjà consommé les 310 t faites en enrubannage, et 350 bottes de foin sur les 500 réalisées. Pour économiser ce dernier, nous avons acheté dans le Cher, début octobre, 50 t de paille de maïs en bottes à 69 €/t. Ce stock a été consommé en un mois. Satisfaits de ce produit, nous avons ensuite acheté avec deux autres éleveurs un champ de 50 ha de paille de maïs que nous avons broyée, andainée et pressée nous-mêmes. Nous l’avons payée 20 €/t. Ces 150 t de paille seront utilisées en litière et nous intégrerons la paille de nos céréales pour remplacer le foin dans l’alimentation des vaches, en rééquilibrant les rations », poursuit Mickaël. À l’avenir, les associés ont prévu d’irriguer le maïs et de mettre en place 25 ha de méteil en interculture pour consolider leurs stocks.
Trouver des substituts
La chambre d’agriculture s’est mobilisée dès août pour aider les éleveurs à faire face à cette sécheresse atypique : lancement d’une procédure de calamités agricoles, réunions d’information, stratégies et solutions techniques envisageables. « Pour pallier la pénurie et faire face à la flambée des prix, nous avons mis en relation maïsiculteurs et éleveurs afin de favoriser une valorisation à moindre coût de la paille de cannes de maïs, explique Franck Doriat, à l’unité élevage de la chambre d’agriculture. Les plaquettes de bois sont une solution de paillage moins onéreuse que la paille de céréales. »
Des contrats de déchiquetage ont été signés avec la FDCuma de l’Allier pour réserver les stocks aux éleveurs. Ainsi, 10 000 m3 ont été rendus disponibles pour 17 €/m3 chargé. « Nous valorisons aussi la dolomie extraite de carrières en sous-couche de litière », poursuit le conseiller.