Les 14 associés du projet attendaient ce moment depuis sept ans. Les premiers coups de pioche pour la construction du méthaniseur d’Apprieu ont été donnés fin juin après avoir reçu l’avis favorable du tribunal administratif de Grenoble, dans le recours qui opposait la commune d’Apprieu à l’État. Tous les arguments concernant les impacts négatifs avancés par la mairie pour motiver sa demande d’annulation du permis de construire ont été rejetés, à l’exception de la hauteur des clôtures qui va être revue. « C’est un véritable soulagement. Nous vivions depuis plusieurs années dans l’incompréhension de cette opposition d’une partie du conseil municipal, alors que parallèlement, nous avions le soutien du sous-préfet, de notre députée, d’une grande partie des habitants d’Apprieu et des associations environnementales », indique Lionel Termoz-Bajat, le président de Méthanisère.
Si le dossier a rencontré des difficultés, c’est surtout parce que le territoire d’Apprieu, situé entre Lyon et Grenoble, est soumis à une rude pression foncière. « Le méthaniseur ferait peser la menace d’une dépréciation foncière. Pourtant, son implantation a été soigneusement étudiée pour être en pleine zone agricole », explique Lionel. L’éleveur laitier insiste également sur l’exemplarité de ce projet « qui vise à produire une énergie verte, en adéquation avec les objectifs agro-environnementaux préconisés par l’État. Nous sommes des énergiculteurs. »
Appros 100 % agricoles
Le projet, né en 2011, sera assuré par sept exploitations agricoles partenaires. Dès sa mise en fonctionnement, prévue pour le printemps 2019, le méthaniseur, en injection directe de biogaz dans le réseau, pourra être alimenté par 15 000 tonnes d’effluents d’élevage, de résidus agricoles et d’intercultures à vocation énergétique. « Aucun déchet d’industries agroalimentaires ou de station d’épuration ne sera utilisé », précise le président.
Cette solution permet aux agriculteurs de satisfaire aux normes sanitaires et environnementales de stockage de leurs effluents, imposées par la réglementation Nitrates. Par ailleurs, la matière issue du méthaniseur constitue un excellent fertilisant. « Épandue de façon contrôlée, nous pourrons réduire nos dépenses de fertilisation. Certains d’entre nous vont pouvoir se convertir à l’agriculture biologique. Nous allons aussi créer un GIEE pour acheter du matériel performant, se réjouissent les associés. C’est un bel outil de travail, qui permet aux entreprises agricoles de se diversifier. »
Les éleveurs espèrent que cette initiative servira de jurisprudence pour qu’aboutissent les autres projets de méthanisation en Isère, car même si le département compte plus de 1 000 fermes, pas un seul méthaniseur n’y est encore en fonctionnement.