Le 18 mai, le tribunal de commerce de Rennes a retenu les offres de reprise du groupe Doux par LDC, le saoudien Al Munajen, Terrena, Société des volailles de Plouray, Saria et Yer Breizh. En Bretagne,cinq partenaires (LDC Amont, Al Munajen, Triskalia, Terrena, la Région Bretagne) créent une structure commune, Yer Breizh (1), qui reprend l’accouvage, les contrats des éleveurs et l’usine d’aliments. « C’était la moins mauvaise des solutions », reconnaît Marc Cornec, président de l’association des éleveurs intégrés Doux de Bretagne. Les 160 producteurs du groupement sont repris. Ce n’était pas le cas de la proposition de l’ukrainien MHP, qui en gardait seulement 105. Dans l’immédiat, les éleveurs font le gros dos, car les volumes à produire pour l’exportation sont moindres. « Nous étions sur un schéma de production de 90 000 tonnes par an. Il s’est réduit à 70 000 tonnes, en lien avec les difficultés touchantle grand export : retournement de marché, grippe aviaire ou encore parité monétaire », indique le producteur. Avec pour conséquence un allongement des vides sanitaires. Ils sont variables selon les situations, de dix jours à un mois, et devraient être mutualisés entre tous les producteurs bretons. L’impact économique est réel pour les éleveurs, puisque les contrats Doux ont été conclus sur la base d’une productivité accrue avec des vides sanitaires courts. « Si l’on augmente la durée, les résultats sont affectés », ajoute-t-il. Au sein de l’unité Yer Breizh, ces pertes de volumes devraient être compensées progressivement par des tonnages de poulets frais.
Un nouvel abattoir
Les éleveurs gardent espoir avec les investissements annoncés sur le site historique Doux à Châteaulin, dans le Finistère. « La reprise de l’ancien site de production de poulets surgelés destinés à l’exportation par le saoudien, sous le nom de France Poultry, son engagement dans la société Yer Breizh (33,5 % du capital) nous laissent croire qu’il sera présent à l’avenir », poursuit Marc Cornec. Le plan de reprise prévoit, à l’horizon 2020, la construction par LDC d’un nouveau site industriel d’abattage et de découpe de volailles à Châteaulin (55 M€), dédié aux marchés de l’agroalimentaire et de la restauration. Le site aura une capacité d’abattage de 400 000 poulets par semaine. Ce projet s’inscrit dans la stratégie du groupe LDC de reconquérir des parts de marché en France (45 % de poulets sont aujourd’hui importés).
Les éleveurs devront à nouveau s’adapter et investir pour répondre aux cahiers des charges. Montée en gamme, reconquête de l’approvisionnement de la restauration hors domicile… tels sont les objectifs affichés par la filière avicole, qui espère être suivie par les consommateurs.
(1) « Poulet breton » en breton