Céréalier à Escazeaux, où il cultive du blé de qualité, du maïs irrigué et du colza semence sur 260 ha, Gérard Latapie s’est lancé dans les légumineuses il y a trois ans. Fin mars, une fois le sol bien ressuyé, il a semé 20 ha de pois chiches et 7 ha de lentilles. Ces cultures, qui conviennent particulièrement aux sols argileux, ne demandent pas de matériel spécifique. Elles s’irriguent lorsque le maïs n’a pas besoin d’eau et se récoltent après le blé. « Il suffit de trouver la fenêtre météo favorable pour semer, entre fin février et fin mars, témoigne Gérard Latapie. Les légumineuses me permettent d’allonger mes rotations. Elles restituent bien l’azote et sont un bon précédent pour les blés. Mais il faut bien s’organiser, car elles ne peuvent revenir sur la même parcelle qu’au bout de six ans. »
Gérard livre sa récolte à Qualisol, qui s’est lancée dans la production de légumineuses bio en 2013, puis en conventionnel, et totalise 8 000 ha semés cette année. La coopérative propose des contrats annuels aux agriculteurs. Mais, elle souhaite à terme contractualiser sur trois ans, afin de sécuriser les volumes pour les acheteurs et garantir les prix aux producteurs. « Nous ne produisons qu’une fois les marchés trouvés et garantissons les prix à la production avant semis, détaille Christophe Candel, responsable technique grandes cultures. Nous rémunérons bien les agriculteurs, au-dessus de ce qui se paye sur le marché, ce qui leur permet d’obtenir des marges brutes supérieures à celles des autres cultures. »
Maîtriser l’irrigation
La coopérative travaille également à l’amélioration des rendements, notamment par la maîtrise de l’irrigation. Des sondes ont été installées dans les champs de pois chiches de Gérard Latapie pour mesurer leurs besoins en eau. « En irriguant, j’ai obtenu 32 q/ha en 2017, contre 20 q/ha en moyenne pour la coopérative, poursuit l’agriculteur. Si je parviens à optimiser les rendements et que les prix sont au rendez-vous, j’augmenterai ma sole de légumineuses, en passant à 40 ha pour chacune des deux espèces. » Pour les lentilles, assez délicates à récolter, des essais de culture avec une céréale « compagne » servant de tuteur sont en cours. Qualisol s’est dotée d’une station de triage et de conditionnement très performante, qui lui permet de fournir à ses clients des produits prêts à l’emploi. En filière bio, elle vend ses légumes secs sous la marque Monbio en magasins bio, et Instant nature en grande distribution. Elle commercialise aussi 26 % de ses produits sous marques de distributeur aux sociétés Ethiquable (Paysans d’ici) et Jardins du Midi (Geste saveur), et compte créer une marque pour ses légumes secs conventionnels, garante d’une traçabilité appréciée des acheteurs.