Christian et David Peterschmitt produisent du biométhane, injecté dans le réseau GRDF depuis août 2015, à Andelnans (Territoire de Belfort). Désormais, ils possèdent leur propre station BioGNV (gaz naturel véhicule). « Notre GNV provient de la déviation d’une infime partie des 160 m³/h de biométhane épuré et injecté 24 heures sur 24 », explique David Peterschmitt. La voiture hybride essence-GNV de la SCEA roule ainsi essentiellement aux lisiers de porcs, fumiers de bovins et de cultures intermédiaires, et déchets de cantines (1).
Cette démarche est l’une des premières de France (lire l’encadré). « Notre objectif est de contribuer à développer la filière du GNV, souligne l’agriculteur. Économiquement, nous n’avons pas d’intérêt à rouler au gaz, vu sa valorisation dans le réseau. »
400 km avec un plein GNV
Disposer, juste avant l’étape d’injection, d’un gaz de qualité similaire à celle du gaz naturel était un atout pour en faire un usage comme carburant. Les exploitants se sont intéressés au GNV dès 2017 et ont testé le tracteur prototype T6.180 Methane Power de New Holland.
L’entreprise Prodeval, basée dans la Drôme, spécialisée dans les solutions gaz, a développé pour cela cette station de distribution. Jusqu’à l’installer dans sa version actuelle, fin 2017. Exclusivement domestique, la station BioGNV prélève le biométhane épuré, à basse pression. Elle a ensuite à compresser, stocker, puis distribuer ce GNV à une pression de 200 bars. « Pilotée par automate, elle possède un débit de 10 m³/h. Le plein de GNV, de 16 kg (20 m³), s’effectue actuellement en deux heures et quart. Nous attendons une pièce qui permettra d’utiliserles quatre bouteilleshaute pression pour stocker le GNV avant distribution. Dès lors, nous ferons le plein en 5 minutes », détaille David Peterschmitt. Et de préciser qu’un compteur enregistre cette autoconsommation de gaz, soumise à TVA. Côté autonomie du véhicule, « le plein de GNV assure près de 400 km, et la réserve d’essence couvre 600 km, soit 1 000 km au maximum ».
L’agriculteur ne dévoile pas l’investissement consenti, car « c’est un prototype, développé dans le cadre de partenariats ». Mais il estime que « pour être cohérent, il faudra plusieurs véhicules liés à la station ». Il envisage d’acquérir, pour les manipulations sur l’unité de méthanisation, un chargeur T7 New Holland au méthane, en développement chez le constructeur.
(1) 45 tonnes de matières par jour, dont un tiers de déchets de cantines.