Le projet de création du parc national des forêts de Champagne et Bourgogne suscite de vives tensions. Lors de leur dernière assemblée générale, le 15 mars, les membres du GIP, le groupement d’intérêt public chargé de la mise en place du parc, ont voté à 79 % en faveur de la troisième version de la charte. Ce document définit les délimitations et les contraintes spécifiques du cœur du parc, sur une superficie de 2 500 hectares en Haute-Marne et en Côte-d’Or.
Pertes d’exploitation
Tous les acteurs économiques (1) ont voté contre. « Mais leurs voix ne pèsent pas face aux 68 % de l’État et des collectivités », déplore Christophe Fischer, président de la chambre d’agriculture de Haute-Marne. Autant cette répartition des voix se justifiait quand le projet de parc portait surtout sur les forêts publiques, autant elle n’est plus satisfaisante depuis l’extension de la zone, en 2012, de 9 000 à 240 000 hectares.
Les instances du parc s’entêtent à intégrer des terres agricoles au nom de la continuité écologique, dénoncent la FDSEA et JA. « Nous sommes en zone intermédiaire, avec de grandes exploitations de polyculture-élevage. Or, jusqu’à présent, la dimension économique de l’agriculture n’a pas été prise en compte, explique Christophe Fischer. Il n’est question que de développement touristique et de réglementations environnementales. »
Les agriculteurs anticipent des pertes d’exploitation liées aux futures contraintes. Et les aides liées aux MAEC (2), dont le financement est fragile et hypothétique, ne suffisent pas à les rassurer. Les propriétaires fonciers, de leur côté, redoutent une dévaluation de leur patrimoine. Mais le GIP fait la sourde oreille… Malgré les dérogations promises, les professionnels craignent que le parc ne génère une couche administrative supplémentaire. Prochaine étape : l’enquête publique avant sa création en 2019.
(1) Chambres des métiers, d’agriculture, forestiers. (2) Mesures agroenvironnementales et climatiques.