«Oui, il est possible de réduire ses consommations d’énergie et ses émissions de gaz à effet de serre, tout en préservant les performances économiques. Mais non, ce n’est pas facile, car les freins sont multiformes et les leviers pour y parvenir parfois difficiles à activer. » Telles sont les conclusions, présentées mercredi 21 février à Alençon (Orne), des six ans de travaux et d’essais du « groupe climat », constitué de quinze exploitations agricoles du parc naturel régional Normandie-Maine (PNRNM).
Allongement des rotations, mise en place de nouveaux équipements, augmentation du pâturage, intégration de plus de légumineuses, techniques sans labour… Pendant six ans, les agriculteurs du groupe ont accepté de tester différentes pistes jugées porteuses pour la réduction des GES et compatibles avec les performances de l’exploitation. Leurs motivations étaient de devancer les attentes sociétales sur ce sujet, de mieux connaître leurs propres outils, de gagner en performance et de confronter leurs pratiques au diagnostic climat. « Des mesures financières d’accompagnement étaient prévues pour compenser ponctuellement les pertes et permettre d’accompagner le changement », explique le PNRNM, porteur de ces travaux dans le cadre de son plan climat 2008-2020. Les agriculteurs du groupe ont bénéficié d’un encadrement agronomique par la chambre d’agriculture de l’Orne et d’interventions de différents experts.
Sans dogmatisme
Grandes cultures, élevage laitier, élevage allaitant, filière bio... Les systèmes des quinze fermes pilotes étaient diversifiés. « J’ai apprécié l’absence de dogmatisme dans le groupe », confirme Georges Lebascle, éleveur laitier à Mortain-Bocage, dans la Manche. Malgré un système plutôt intensif, ce dernier se trouve aujourd’hui conforté par les résultats de consommation d’énergie et d’émissions de GES du groupe climat. « Il est possible d’avoir une agriculture intensive, produire du lait de qualité et respecter l’environnement », conclut l’éleveur.
Sur les onze exploitations qui ont suivi le programme jusqu’au bout, cinq sont parvenues à réduire significativement leurs émissions durant la période. Trois montrent des résultats plus nuancés à l’échelle de l’exploitation, mais encourageants à l’échelle des ateliers. Trois autres ont accru leurs émissions, notamment du fait des nouvelles trajectoires prises. Avec la déprise de l’élevage, le PNRNM constate une tendance lourde de réduction des surfaces en prairies, au profit des grandes cultures.
Témoignages d’agriculteurs et références sur le site du PNRNM : www.parc-naturel- normandie-maine.fr