«Face à la montée en puissance des associations abolitionnistes qui veulent l’arrêt de l’élevage, les agriculteurs doivent prendre la parole. » Danielle Even, présidente de l’association Agriculteurs de Bretagne, a donné le ton en lançant un forum consacré au bien-être animal, le 8 février à Ploufragan (Côtes-d’Armor).
« Il y a une prise de conscience. Le milieu agricole est dans une phase de transition. Il commence à envoyer des messages, à prendre la parole, même si c’est souvent en ordre dispersé », a observé Hervé Le Prince, directeur de l’agence de communication Newsens.
Agriculteurs et acteurs du monde agricole cherchent des arguments pour convaincre un consommateur en questionnement.
Quelles réponses apporter à toutes ces interpellations ? Antoine Thibault, éleveur laitier en Normandie, a pris le parti d’être présent sur les réseaux sociaux. Plus connu sous le nom de Agriskippy, il poste régulièrement des vidéos pour parler de son métier, en toute transparence. « On a les mêmes armes que L 214, autant s’en servir. Il faut dialoguer avec 99 % de Français qui ne sont pas végans », a-t-il souligné.
Yves-Marie Beaudet, éleveur de poules pondeuses dans les Côtes-d’Armor, n’est, quant à lui, pas favorable à réagir à chaud. Il n’est pas partisan du « rien faire » pour autant : « Je préfère discuter avec les associations welfaristes, avec lesquelles il est possible de communiquer, pour avancer sur le modèle d’élevage que nous souhaitons pour demain. Cela nous permettra d’avoir une longueur d’avance et, surtout, de donner de la visibilité aux producteurs, au lieu d’aller dans le mur comme en 2012 avec les cages. »
Un discours positif
Créée en 2012, en réaction aux attaques environnementales, l’association Agriculteurs de Bretagne œuvre pour une communication positive. Elle accompagne ses adhérents lorsqu’ils organisent des portes ouvertes, des salons, des festivals ou au cours de formations. Très présente sur les réseaux sociaux depuis six mois, elle poste chaque semaine des vidéos d’une nouvelle exploitation. Autant de démarches pour faire connaître le quotidien des éleveurs.
« Il faut élaborer un discours positif et facile pour embarquer le public », a expliqué Hervé Le Prince. Le stratège en communication a incité tous producteurs à s’engager : « Osez prendre la parole. C’est à vous de parler et c’est vous qui en parlez le mieux. »