Éleveuse de 8 000 à 10 000 oies fermières du Gers par an, certifiées label rouge, à Bazillac (Hautes-Pyrénées), Valérie Fosseries a été choisie par trois chercheurs toulousains pour élever une première bande de 100 oies, qui vont produire du foie naturellement engraissé. Gérard Campistron, pharmacien, Rémy Burcelin, directeur de recherche à l’Inserm, et Geneviève Bénard, docteur vétérinaire, ont créé le Centre de recherche et développement des anatidés du Courtalet (Ceredac), à Pailhès (Ariège). Leur programme de recherche, baptisé Aviwell, repose sur deux principes : la suralimentation naturelle des oies se préparant à migrer, et les recherches de l’Inserm sur le rôle essentiel de la flore intestinale, qui oriente ou non un individu vers un stockage hépatique naturel.

« Tout est parti d’une première expérimentation réalisée par l’Inra, dans les Landes, pour répondre à une demande de l’UE de trouver des méthodes alternatives au gavage, explique Geneviève Bénard, directrice scientifique d’Aviwell. En 2012, les chercheurs avaient montré que réduire la durée de la lumière du jour, pour mimer l’arrivée de l’hiver, provoquait une hyperphagie chez l’oie, comme au moment des migrations. Mais les résultats étaient hétérogènes. Les scientifiques ont, alors, trouvé d’importantes variations entre la flore intestinale des oies qui faisaient de gros foies et celle des autres. » L’Inra ayant ensuite abandonné le projet, les trois chercheurs ont repris le flambeau, à titre privé. Depuis 2015, ils testent différents types de flores sur des groupes d’oies, en donnant aux oisons, dès leur sortie de l’œuf, quelques gouttes de cultures bactériennes. L’objectif est de définir quelle flore intestinale sera la plus favorable à l’engraissement naturel du foie.

Haut de gamme et export

« Nous avons travaillé sur quatre séries d’oies auxquelles nous avons donné différents lots microbiens, reprend Geneviève Bénard. Pour préserver le bien-être animal, nous visons des foies moyens de 350 g, que nous avons, pour l’instant, obtenus dans 40 % des cas. Nos recherches ne sont pas terminées. Nos produits s’adresseront à un marché haut de gamme et à l’export vers des pays qui refusent le gavage. »

Sur ses 10 ha de parcours, Valérie Fosseries poursuit son élevage d’oies traditionnel. Les 100 oisons Aviwell sont venus les rejoindre, il y a sept semaines, pour tester l’effet de groupe. « Les oies Aviwell sont gardées plus longtemps, elles ont besoin de davantage d’espace et d’aliment, leur élevage coûte plus cher, analyse l’agricultrice. Mais cette façon de procéder, qui concerne les mâles et les femelles, me convient. Si cela pouvait aider à relancer la filière oie, ce serait bien. Lorsqu’Aviwell passera à une production à grande échelle, je m’y consacrerai entièrement. »